Ces coins du Mexique injustement délaissés des touristes

Querétaro, Huasteca, Jalisco, Real de Catorce ou Monterrey : à la découverte de ces régions plus méconnues au Mexique

D’un point de vue strictement touristique, on pourrait croire que rien n’existe au Mexique au nord de la capitale. La majorité des touristes ne découvre de cet immense pays que ce qui se trouve entre Cancún et Mexico. Je serai honnête : lors de mon premier passage, ce fut aussi mon itinéraire. Mais le Mexique ne se limite pas aux eaux turquoise du Quintana Roo, aux temples mayas du Yucatán, à la belle nature du Chiapas et du Oaxaca, ou bien même à la folle vie citadine qui fourmille autour de Mexico. Croire ça, ce serait oublier une moitié du pays. Bien qu’en grande partie désertique, cette moitié regorge de merveilles insoupçonnées et généralement délaissées des voyageurs. Des cascades de la Huasteca Potosina aux montagnes de Monterrey, en passant par le village fantôme de Real de Catorce, partons à la découverte de ces coins qui mériteraient plus de lumière.

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Au Querétaro, l’un des plus grands monolithes au monde

J’avais déjà été émerveillé par la splendeur de la colorée Guanajuato lors de mon premier voyage au Mexique. Dans une moindre mesure, j’avais aussi été séduit par la plus petite San Miguel Allende. Par contre, je ne m’étais pas arrêté dans l’État voisin de Querétaro, en partie par manque de temps, en partie par manque de connaissance de la région. Cette fois, je ne fais plus la même erreur.

Je pose mon sac à dos quelques jours dans la ville de Santiago de Querétaro, capitale de l’État, sans trop savoir ce qui m’y attend. Je suis plutôt agréablement surpris par ce que j’y découvre. La ville est très colorée, comme souvent au Mexique, et parsemée des habituels bâtiments au style colonial. Il est plaisant de s’y promener.

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Une trentaine de minutes de bus séparent Querétaro de Bernal, où trône l’imposant Peña de Bernal, le plus grand monolithe du pays et l’un des plus hauts du monde. À vrai dire, cette seule raison avait suffi à me convaincre d’inclure une étape dans le Querétaro à mon programme. Bernal est très prisé des touristes locaux. Car oui, si on trouve assez peu de touristes étrangers dans la région, les Mexicains, eux, ne se privent pas de voyager par ici à un peu plus de deux heures de route de la capitale. Ils auraient évidemment tort de ne pas le faire. Lors des week-ends et jours fériés, les rues de Bernal sont souvent bondées et je l’apprends à mes dépens. Difficile de se faufiler dans la foule pour avoir une vue dégagée sur le Peña,tandis que les innombrables boutiques de souvenirs n’aident pas à instaurer une ambiance des plus authentiques. Et c’est très dommage car il y a un charme dingue dans ces petites ruelles aux maisons colorées, où on aperçoit en paysage de fond l’immense monolithe surmontant fièrement le village. Il est aussi possible de grimper le rocher afin d’avoir une vue panoramique sur les environs. Mais lorsque j’aperçois les visiteurs en file indienne sur les sentiers de randonnée sous un soleil de plomb, je suis vite découragé. Bernal se visite plus facilement en semaine.

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La Huasteca Potosina, paradis des cascades

Comme le Querétaro, la Huasteca Potosina est surtout populaire auprès des touristes mexicains. Je les comprends : cette région à l’est de San Luis Potosí regorge de cascades, ce qui en fait un endroit idéal pour la baignade. Plusieurs points d’eau autour de Ciudad Valles – la principale ville des environs et point de départ pour l’exploration de la Huasteca – sont même aménagés tels des parcs aquatiques avec plongeoirs, sautoirs, toboggans, parcours d’obstacles, restaurants, douches, et j’en passe. Aux cascades de Tamasopo, j’ai vraiment eu cette impression de déambuler entre les attractions, si bien qu’on en oublierait presque qu’on se trouve en pleine nature.

Heureusement, d’autres cascades sont plus impressionnantes que Tamasopo et gardent un aspect bien plus naturel. C’est notamment le cas du Puente de Dios ou des Minas Viejas, deux vrais coups de cœur. Les zones sont toujours surveillées et le gilet de sauvetage est toujours obligatoire, mais fini les attractions. Puente de Dios est une espèce d’immense trou dans la roche, un peu comme une cénote, où une cascade rythme un puissant courant. Entre lutter contre le courant pour approcher la cascade, plonger depuis la hauteur des rochers ou nager sous la roche, les activités ne manquent pas dans un décor surréaliste. Quant aux cascades de Minas Viejas, elles sont bien moins fréquentées et sont absolument magnifiques. Quel pied de pouvoir nager dans un tel cadre quand la chaleur ne laisse que peu de place à une quelconque autre activité que la baignade !

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Pour terminer mon exploration de la région, je m’attaque à sa cascade la plus connue : Tamul. Le prix d’entrée est élevé en comparaison avec les autres sites de la Huasteca. Des centaines de bateaux emmènent des touristes aux pieds des chutes d’eau chaque jour. Tout ça ne m’inspire pas vraiment une expédition exceptionnelle. Pourtant, ce fut sans doute l’un des endroits les plus incroyables que j’ai pu voir au Mexique. Il existe deux moyens de découvrir la cascade. D’abord, l’option du tour en bateau. Ou bien un sentier de marche qui permet d’admirer Tamul depuis son sommet puis de se baigner dans la rivière où elle se jette. Forcément, je fais le choix du parcours à pied : moitié moins cher et offrant deux vues plutôt qu’une. Qui aurait l’idée d’opter pour le tour en bateau à la place ? Eh bien, à ma grande surprise, presque tout le monde. Nous sommes moins d’une dizaine à arpenter le chemin puis à nous baigner face aux chutes d’eau tandis qu’à quelques mètres de là, les embarcations s’entassent les unes sur les autres et les curieux font la file pour prendre leur photo. Le constat est étrange. Le choix fut le bon.

J’écrirai enfin qu’à proximité de Tamul se trouve la Sótano de las Golondrinas (« Grotte des Hirondelles » en français). La grotte fait plusieurs dizaines de mètres de profondeur, si bien qu’il est impossible d’en apercevoir le fond. Ici, des milliers d’oiseaux descendent à pic et à pleine vitesse dans la noirceur de la grotte à chaque coucher de soleil. Le spectacle est impressionnant et ponctue bien la journée.

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S’il y a bien une certitude dans la région, c’est que les cascades ne manquent pas. Et que par conséquent, la liste que j’ai énoncée est loin d’être exhaustive et ne reprend que les sites que j’ai moi-même visités. De nombreux autres lieux plus ou moins authentiques sont éparpillés un peu partout dans la Huasteca Potosina. Le gros point négatif est que les déplacements sans voiture y sont plutôt difficiles. Peu de lieux sont facilement accessibles en transport en commun et les navettes privées sont généralement assez chères. Mais cette contrainte s’oublie rapidement à la vue de tous les lieux magnifiques qu’offre la Huasteca.

Un village fantôme entre le désert et les montagnes

Je ne passe qu’en coup de vent à San Luis Potosí, capitale de l’État du même nom, que j’ai trouvée peu intéressante. L’étape est obligatoire sur le long trajet de la Huasteca à Real de Catorce, ma prochaine destination. Il me faut écrire qu’atteindre ce village à la fois perdu dans le désert et planté dans les montagnes n’est pas chose aisée. Une demi-journée de bus est nécessaire de San Luis Potosí à la petite ville la plus proche, Matehuala. Puis encore deux heures de navette séparent cette dernière de Real de Catorce. Entre les changements de transport et les correspondances approximatives, il faut compter une journée de route.

Real de Catorce se trouve sur une sorte de petit plateau montagneux entouré de désert. Et dans les montagnes à plus de 2500 mètres d’altitude, il fait frais. Si la météo est loin d’être insupportable, il n’empêche que par rapport aux minima de 35 degrés dans le Querétaro et la Huasteca précédemment, le choc de température est bien présent.

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Je me promène quelque peu dans les rues de ce petit village. Quelque peu, car il ne me faut pas beaucoup plus de temps pour en faire le tour. Diverses boutiques de souvenirs sont plantées ici et là. D’autres restaurants et hôtels occupent les espaces restants. Un seul petit magasin assure les denrées de base. Il règne malgré tout une atmosphère paisible. Clairement, le temps s’écoule lentement. Je n’ai pas la sensation d’être dans un de ces villages ultra-touristiques où les vendeurs de souvenirs, opérateurs de tours et racoleurs des restaurants abordent les étrangers à chaque coin de rue. Plutôt un petit village devenu touristique malgré lui et qui s’adapte peu à peu.

Bon, passons maintenant au principal point d’intérêt de Real de Catorce : son village fantôme. Il fut construit du temps des colons espagnols pour exploiter une importante mine d’argent dans la région. Depuis, la mine fut épuisée et le village déserté. Il reste aujourd’hui les vestiges de cette ancienne ville figée dans le temps. Pour accéder à ce qu’on appelle ici le « Pueblo Fantasma », je marche à peine une heure depuis mon logement dans le village (celui qui est aujourd’hui habité, évidemment). La randonnée vers les hauteurs m’offre une vue plongeante sur Real de Catorce et ses arides montagnes. Rien que pour ça, le passage dans la région en valait déjà la peine. De loin d’abord, puis de près, je découvre ensuite le village fantôme. Cette vision des bâtiments en ruines, des montagnes et du désert, est époustouflante. Ce décor me donne l’impression d’être un explorateur dans une ville abandonnée du Far West au milieu de nulle part ! Et le plus fou, c’est que c’est un peu le cas.

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Pour terminer ma visite de Real de Catorce, je grimpe au sommet d’El Quemado. Il me faut me promener environ deux heures dans la vallée montagneuse où la nature semble interminable. Une fois que je suis arrivé au bout, la folle vue à 360° récompense mon ascension. Je découvre aussi plusieurs cercles de pierres hérités d’une culture indigène locale. J’y rencontre un groupe de visiteurs mexicains à cheval accompagnés d’un guide. Ils sont venus se prêter à la cérémonie indigène locale pour « restaurer leurs énergies ». Ils m’expliquent que les cercles servent à capturer les énergies venues du ciel et qu’entrer en leurs centres permet de se revigorer ou même de porter chance à ses proches. En tout cas, c’est ce que je comprends avec mon espagnol très basique. Vu qu’ils insistent plusieurs fois pour que je me joigne à la cérémonie, je me prête au jeu avec curiosité. Le guide récite quelques mots en espagnol et en langue indigène en guise de première étape. Nous pénétrons chacun à notre tour dans un cercle puis dans le suivant, pour déposer au centre de tous une fleur en offrande. Puis nous écoutons de nouveau le guide avant de sortir du cercle. L’expérience est intrigante. Quant à savoir si cela a reboosté mes énergies, plus difficile de répondre…

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Monterrey, la ville au pied des sommets montagneux

Troisième ville la plus peuplée du Mexique, Monterrey est surtout un centre d’affaires à quelques heures de la frontière américaine. Les contours de la métropole sont délimités par des murs de buildings commerciaux. Mis à part une place centrale autour du Palais du gouvernement de l’État de Nuevo León et quelques musées intéressants, je ne suis pas chamboulé par l’intérêt de la ville.

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Par contre, pour les randonneurs, il y a de quoi faire ici. Monterrey est entourée de hautes montagnes. Les sentiers ne manquent pas. L’ascension la plus emblématique est certainement celle du Cerro de la Silla, qui nécessite une journée complète de marche. Le sommet en forme de selle de cheval (d’où son nom, littéralement « sommet de la selle » en espagnol) est facilement reconnaissable et visible depuis un peu partout en ville.

De mon côté, j’opte pour le parc de Chipinque. Plus précisément le sentier jusqu’au mirador El Pinal. Environ trois heures de marche sont censées m’emmener au bout. Rien d’insurmontable, mais dans le Nuevo León, le soleil tape fort et complique tout. Le chemin slalome entre les montagnes, surmonte des vallées boisées et offre des vues imprenables sur la Skyline. C’est comme si l’environnement savait que les conditions étaient difficiles et faisait tout son possible pour récompenser l’effort.

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Monterrey semble accueillir peu de sacs à dos et pas beaucoup plus de valises. J’ai même peiné à trouver une de ces auberges de jeunesse pourtant si fréquentes au Mexique, pays très backpacker friendly. Les deux seules que j’ai dénichées méritent d’ailleurs à peine ce titre. Aucune cuisine commune n’est disponible. Plus de travailleurs que de voyageurs occupent les dortoirs. Et le prix ne tient pas la comparaison avec ceux des autres hostels du pays. Découvrir les coins délaissés des touristes au Mexique n’a pas que des avantages. Mais bon, les montagnes valaient le coup.

Dans le Jalisco, les miradors de Guadalajara et les plages de Puerto Vallarta

Le Jalisco ne mérite pas seulement le détour pour être la maison emblématique des mariachis et de la tequila. C’est l’État qui conclut mon périple au Mexique. D’abord Guadalajara, la deuxième plus grosse ville du pays, puis Puerto Vallarta, la cité côtière prisée des touristes locaux et voyageurs en sac à dos. Je suis impressionné par Guadalajara. Moi qui ne suis habituellement pas le plus friand des grosses métropoles, je me surprends à prendre beaucoup de plaisir dans le Centre Historique parsemé de cathédrales et places monumentales. Surtout, ce qui me marque dans la capitale du Jalisco, ce sont les impressionnants miradors qui délimitent les frontières de l’agglomération. Celui du Parque Mirador Independencia ou le Barranca de Huentitan, par exemple. À quelques pas des grands immeubles, on quitte déjà les paysages citadins pour faire face à une nature interminable. Nature qui n’a pour seule limite que les sèches montagnes de la chaude région. Il est tellement improbable de pouvoir randonner dans un cadre aussi fou sans même devoir réellement quitter l’immense ville…

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L’ouest du Jalisco est quant à lui une des régions côtières les plus populaires du pays. Puerto Vallarta est la grosse cité balnéaire du coin. Il n’y a certes pas l’eau turquoise du super touristique Quintana Roo. L’ambiance festive me rappelle plutôt Puerto Escondido, dans une version un peu plus calme et avec moins de surfeurs. En plus, il y a autour de Puerto Vallarta une jungle et pas mal d’options de randonnée avec plus ou moins de dénivelé. Diverses grottes se cachent même entre les arbres. De quoi varier des baignades dans l’eau salée de l’océan Pacifique qui borde les plages de palmiers et plages rocailleuses de la région. Mais bon, se délasser sur ces dernières, c’est déjà pas mal non plus.

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Encore d’autres régions à découvrir

Il me reste encore tant à découvrir de cet immense et incroyable pays qu’est le Mexique. J’avais noté dans ma liste de souhaits le désert de Chihuahua. Son emblématique train El Chepe, qui relie Los Mochis et la ville de Chihuahua, me semble encore être une possible expérience folle que j’ai abandonnée surtout par manque de temps. Idem pour la Basse-Californie, ses paysages dingues et ses eaux remplies de vie. Ou encore pour les déserts et montagnes du Zacatecas. Et bien d’autres encore.

Le Mexique est si grand que malgré les trois mois que j’ai au total passés à y barouder, il me reste ce sentiment d’être encore loin d’avoir fait le tour des merveilles qu’il abrite. Ce sera peut-être pour une prochaine fois. Ou une prochaine prochaine fois. Et ainsi de suite.

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