Face aux sublimes décors naturels mexicains
Le Mexique d’un extrême à l’autre en deux mois : Chiapas et Oaxaca, le Mexique des paysages (2/3)
Mon précédent récit sur le Mexique s’était bouclé par mon arrivée à Palenque. Les premières semaines de mon voyage m’avaient fait découvrir un pays alternant entre mer caribéenne idyllique bordée d’immeubles et sites mayas tantôt grandioses tantôt décevants. Du Quintana Roo au Yucatán, j’ai surtout remarqué une récurrence : l’abondance des touristes. Je n’ai sans doute pas été aidé par le fait que je voyageais pendant la période de Noël et nouvel an dans un des pays les moins contraignants quant à son activité touristique en période de Covid. Toujours est-il qu’il m’a fallu attendre d’arriver à Campeche ou à Palenque pour ne plus avoir à me faufiler entre les touristes pour profiter d’un mètre carré de plage ou d’une vue sur un site archéologique. La suite de mon itinéraire m’emmène dans le Chiapas et à Oaxaca, deux États plus tranquilles et surtout plus prisés pour leurs paysages à couper le souffle. Écrivons-le tout de suite, c’est là une toute autre vision du Mexique.
Les cascades sur la route
Le chemin de Palenque à San Cristóbal de Las Casas, capitale du Chiapas, est long. Du coup, plutôt que de payer une fortune pour un interminable trajet en bus, je profite d’un bon plan. Un tour au départ de Palenque m’emmène visiter quelques cascades sur la route et me dépose en fin de journée à San Cristóbal, pour à peine plus cher que le prix du bus direct.
On fait donc étape à la cascade de Misol-Ha. La visite se fait assez rapidement puisqu’une seule chute d’eau fait l’intérêt du lieu. Elle en vaut toutefois la peine. Outre la vue sublime autant depuis les hauteurs qu’à son pied, il est possible de se faufiler derrière la cascade et de l’apprécier sous une toute autre perspective. Difficile de sortir sec de cette expérience, mais le détour vaut le coup d’œil.
À Agua Azul, deuxième et dernière arrêt sur le chemin, ce n’est cette fois plus une mais plusieurs cascades qui campent le long de la rivière. Le site est plus grand que Misol-Ha, mais surtout beaucoup plus impressionnant. Comme « Agua Azul » le laisse présumer, l’eau d’un bleu éclatant tombe avec fracas de chute d’eau en chute d’eau. Les cascades s’étendent sur une largeur impressionnante et forment un paysage très différent de la chute d’eau classique qui s’écoule simplement de haut en bas sur à peine quelques mètres de largeur. Le Chiapas donne vite le ton, je ne suis plus du tout dans le même Mexique.
San Cristóbal de Las Casas, la Cuzco mexicaine
Ce n’est que plusieurs interminables heures de route après la découverte des cascades que je débarque épuisé à San Cristóbal de Las Casas. Depuis mon arrivée au Mexique, je ne compte plus les voyageurs qui m’ont déclamé leur amour pour cette ville. C’est peut-être à cause de tout cet emballement que je n’ai pas été autant sous le charme. Alors, relativisons tout de suite : j’ai beaucoup aimé la capitale du Chiapas. Mais peut-être pas au point d’en faire mon coup de cœur absolu du Mexique. Sur plusieurs points, San Cristóbal m’a rappelé Cuzco au Pérou. Perchée dans les montagnes, la ville en elle-même est plutôt mignonne, mais c’est surtout ses alentours qui font tout son intérêt. De fait, de multiples excursions à bon prix permettent de s’évader pour la journée dans des paysages magnifiques.
Juste à côté de San Cristóbal se trouve l’incroyable Canyon du Sumidero. Enfin, théoriquement, il est plutôt à côté de Tuxtla Gutiérrez, mais vous comprenez l’idée. C’est l’un des lieux les plus prisés de la région. Forcément, après avoir fait le tour de la ville, je pars avec un tour guidé à l’exploration du canyon. C’est mon premier tour guidé depuis longtemps, le premier au Mexique. Je redécouvre les joies de ne pas avoir à organiser quoi que ce soit et la frustration de ne pas avoir une liberté totale. On commence par s’arrêter à quelques points de vue, histoire d’admirer le canyon d’en haut. Déjà, l’excursion tient ses promesses. Vue du ciel, la rivière fend le décor en deux, formant de part et d’autre d’immenses falaises où les arbres semblent taillés dans la roche. Ensuite, on descend à l’ombre du canyon, et un bateau nous emmène voguer sur l’eau. Le paysage est toujours aussi sublime vu d’en bas. Au fil de la rivière, les falaises laissent leur place aux rochers brisant la surface pour émerger hors de l’eau. En prime, quelques singes et un crocodile viennent animer le trajet. Au cas où on se lasserait d’admirer le paysage. Sympa de leur part.
Les cascades d’El Chiflón sont l’autre incontournable du coin. Un tour propose de nous emmener en même temps aux lacs de Montebello. La journée est longue puisqu’il faut deux heures de trajet pour atteindre Chiflón et deux heures de plus pour Montebello (et donc environ quatre heures pour revenir à San Cristóbal). Qu’importe, au moins comme ça, on aura fait le tour des activités de la région. El Chiflón est impressionnant. C’est surtout une principale cascade d’une centaine de mètres de hauteur qui fait la réputation des lieux, mais l’endroit mérite qu’on lui accorde une attention dans son ensemble. Certes, la cascade principale est la plus impressionnante de toutes puisque l’eau s’y écoule d’une hauteur vertigineuse et offre un spectacle ahurissant. Il n’empêche que de nombreuses autres cascades longent la rivière et beaucoup de visiteurs se contentent tristement d’un seul point d’intérêt. El Chiflón ne se limite pas à une seule chute d’eau et doit clairement figurer en haut de la liste des immanquables du Chiapas.
On termine le tour plus calmement à Montebello. Avant toute chose, il me faut écrire que le brouillard persistant lors de mon passage dans le coin m’empêche certainement d’être objectif. Mais bon, tentons quand même. Le tour nous dépose à un premier point de vue sur cinq lacs qui semblent merveilleux derrière les nuages. Puis il nous emmène à un autre point de vue, cette fois sur le lac qui marque la frontière entre le Mexique et le Guatemala. Celui-ci est moins beau que le précédent. Il est surtout une attraction pour les touristes qui peuvent traverser la frontière terrestre pour entrer au Guatemala sur quelques mètres. C’est cocasse, mais l’intérêt me semble assez minime. Et surtout, tout cela me semble être beaucoup d’efforts et de trajet pour deux points de vue, aussi beaux auraient-ils pu être avec une météo plus favorable.
Oaxaca de Juárez, encore un temple, mais bien d’autres choses
Arrivé à Oaxaca de Juárez après une douzaine d’heures de bus, la première chose que je visite est un site archéologique : Monte Alban. Depuis Palenque, cela faisait plusieurs semaines que je ne m’étais pas promené dans les ruines d’un temple antique. Ça m’avait presque manqué. Cette fois, ce n’est plus un site maya que j’explore, mais un site zapotèque, une autre des nombreuses civilisations précolombiennes qui ont peuplé le Mexique. Dans les faits, le lieu est similaire à tous ceux que j’ai pu voir auparavant et après, qu’ils soient mayas ou aztèques. Plusieurs pyramides campent sur place, mais la beauté de Monte Alban réside avant tout dans son emplacement. Bien installé au sommet de la ville, il offre une vue imprenable sur les environs secs et montagneux, avec Oaxaca en avant-plan derrière les pyramides zapotèques. Monte Alban offre un cadre tout à fait particulier alors qu’il n’est situé qu’à un quart d’heure de route du centre-ville. De quoi bien lancer les hostilités.
L’autre recoin qui attire le plus de touristes à visiter la région est Hierve el Agua. Pour m’y rendre depuis Oaxaca, je monte dans une sorte de taxi partagé qui m’emmène jusqu’à Mitla. Puis je grimpe dans un pick-up qui me dépose à l’entrée de Hierve el Agua. Le trajet n’est pas très compliqué à organiser. Le principal ennui est que le pick-up à Mitla attend d’être complet avant de démarrer, ce qui peut parfois prendre plusieurs longues dizaines de minutes, si pas davantage selon la chance de chacun. Et pareil pour le trajet du retour, évidemment. Peu importe finalement, parce que Hierve el Agua mérite bien toutes ces (més)aventures. Ce qui donne son nom au site est une formation rocheuse qui s’entend sur trente mètres de hauteur et semble s’écouler telle une cascade figée dans le temps. La structure en elle-même vaut tous les efforts tant elle semble issue d’un autre monde. Bien entendu, plusieurs points de vue laissent admirer cette cascade atypique. Quelques piscines ont même été construites histoire de profiter du cadre tout en restant au frais. Mais comme souvent, l’intérêt du lieu ne se résume pas à l’endroit où restent plantés la majorité des visiteurs. Un peu plus loin, un chemin de randonnée forme une boucle qui sillonne Hierve el Agua. Il n’est pas très long, mais quel plaisir de se promener dans ces paysages désertiques ! D’un côté du chemin, la cascade figée dans la roche. De l’autre, les cactus en avant-plan, le désert et les montagnes derrière. Quelle autre idée des paysages du Mexique avez-vous en tête ?
Dans l’état de Oaxaca, les montagnes, les forêts et les plages
Outre ces deux grands incontournables de la région, je visite non loin de Oaxaca de Juárez le petit visage de San Martin Tilcajete, où l’artisanat local est roi. Chaque maison ou presque est un magasin de statuettes en bois colorées, faites à la main par les habitants du coin. C’est le lieu idéal pour ramener un souvenir du Mexique, mais même sans vouloir acheter quoi que ce soit, c’est agréable de flâner en admirant tout cet artisanat aux tailles variables et parfois très impressionnant. J’ai aussi fait étape à Ixtepeji, un peu au nord de la ville de Oaxaca, pour une promenade plus qu’agréable dans les sommets forestiers. L’accès sans véhicule personnel n’est par contre pas des plus évidents. Une sorte de taxi-collectivo est l’option la moins chère mais reste un budget élevé pour un si court trajet. Heureusement, plusieurs miradors récompensent la marche par des vues sublimes sur la région.
Mais outre ses montagnes et paysages sublimes, il y a une partie de l’état de Oaxaca qui fait autant si pas plus le bonheur des touristes, c’est sa côte. Bordé par l’océan Pacifique, le Oaxaca attire de nombreux surfeurs, fêtards ou simples adorateurs de l’ambiance côtière. Il faut dire que les plages du coin valent le détour. Je n’ai personnellement fait arrêt qu’à Puerto Escondido et sa belle Playa Zicatela, mais je n’ai entendu que des échos positifs à propos de ses voisines Mazunte ou Zipolite. Puerto Escondido est la destination balnéaire la plus populaire. Sans doute car elle est la plus accessible et celle où les choix d’hôtels sont les plus nombreux. Inutile de m’éterniser sur les activités à faire ici : un peu de bronzette, un peu de baignade, un coucher de soleil à admirer, une vie nocturne à explorer, et il ne reste qu’à passer au jour suivant. Le rythme de vie classique d’une ville côtière en quelque sorte.
Après cette pause détente à la plage (il en faut parfois, surtout pendant un voyage de plusieurs mois), je poursuis ma traversée du Mexique vers l’ouest. Ma prochaine étape est Puebla. Je m’approche cette fois très fortement de Mexico et ne m’éloignerai jamais beaucoup de la capitale jusqu’à la fin de mon séjour. Je m’apprête à découvrir un Mexique plus citadin, cette fois davantage habité par les Mexicains que par les touristes. Les dernières semaines de mon périple seront surtout animées par la découverte des plus belles villes que j’ai eu l’occasion de voir dans le pays. Avec, bien entendu, toujours une touche de beaux paysages par-ci, par-là.