Découvrir Majorque autrement :
randonnée sur le GR 221, la Ruta de Pedra en Sec
Trek de 5 jours dans les montagnes majorquines sur la Route de la Pierre Sèche
Partir faire un trek solo à Majorque, mais quelle idée ! Pourquoi ne pas passer son temps à la plage plutôt ? Les Baléares, c’est plutôt pour se dorer la pilule au bord de la Méditerranée, non ?
Quand j’ai annoncé que je partais en solo pour un trek de cinq jours à Majorque, j’ai reçu des réactions aussi étonnées que curieuses. C’est sûr que cette petite île espagnole est plus connue pour ses plages que pour sa chaîne de montagnes. Moi-même, avant de tomber sur le GR 221 entre deux recherches pour dénicher les meilleurs treks solo à parcourir au printemps en Europe, je n’avais jamais entendu parler de montagnes à Majorque. Et pourtant, la Ruta de Pedra en Sec – ou Route de la Pierre Sèche en français – est l’un des plus beaux sentiers de grande randonnée d’Europe. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Lonely Planet qui référence les 50 plus beaux treks du continent.
De mon côté, je n’ai certainement pas parcouru 50 treks en Europe, mais ces cinq jours sur le GR 221 m’ont séduit. Par la diversité des paysages, par l’adaptabilité de l’itinéraire et par le peu de monde sur les sentiers en pleine semaine du lundi de Pâques. Je vous explique tout, étape par étape.

Jour 1 | Pollença – Lluc | 14 km – 4h45 de marche
La Ruta de Pedra en Sec s’étend sur huit ou neuf étapes du Port d’Andratx au Port de Pollença. Généralement, les randonneurs parcourent le GR du sud vers le nord, mais l’itinéraire se fait tout aussi bien dans le sens inverse, ce que j’ai d’ailleurs fait. Comme j’ai réservé mon séjour un peu à la dernière minute, je me suis surtout adapté à la disponibilité des hébergements. Et comme j’avais un temps limité, j’ai choisi de ne marcher qu’une partie de l’itinéraire. Je suis donc parti de Pollença pour rejoindre Estellencs en cinq jours. L’un des avantages de ce GR, c’est que la majorité des étapes vont de village en village, et donc qu’il est facile d’adapter l’itinéraire selon le nombre de jours souhaité, puisque chaque point de départ ou d’arrivée est desservi par des bus depuis Palma.
Cette première étape au départ de Pollença est relativement tranquille. Les deux premières heures de marche se font sur un chemin assez plat, parfois même en bord de route. Ce n’est qu’ensuite que le sentier commence à vraiment grimper dans les montagnes, vers le village de Lluc. J’admire globalement les montagnes depuis leur pied pour le moment, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Ça me donne un premier aperçu de la suite et un départ relativement doux sur le GR.




Jour 2 | Lluc – Embassament de Cúber – Sóller | 15 km – 5h35 de marche
Au départ, je souhaitais m’arrêter au refuge de Tossal Verds, à mi-chemin entre Lluc et Sóller, qui est l’étape prévue dans le parcours classique. Sauf que le problème, c’est qu’il était complet. En m’y prenant relativement tard pour réserver, je me suis rendu compte que, pour toute la semaine de Pâques, il n’y avait plus le moindre lit disponible. Et comme il n’y a pas d’autre hébergement entre les deux villages, j’ai été obligé de m’adapter.
J’ambitionne, dans un premier temps, de rejoindre directement Sóller depuis Lluc. Mais à mesure que la journée s’écoule et que j’enchaîne les kilomètres, je me rends compte que j’ai franchement eu les yeux plus gros que les jambes. Il faut entre dix et onze heures de marche pour parcourir la petite trentaine de kilomètres qui les séparent. Tout ça sans compter les temps de pause. Clairement trop pour moi, surtout si je veux arriver à mon logement avant la nuit ! Mais l’avantage, encore une fois, c’est que ce GR 221 est adaptable. Je rejoins l’Embassament de Cúber, à peu près à la même distance que le refuge de Tossal Verds, et de là, je peux prendre un bus qui m’emmène à Sóller. Alors certes, c’est un peu dommage de prendre le bus en plein milieu d’un trek, mais bon, il faut bien savoir s’adapter.





Et puis, ça n’enlève rien à la grosse ascension réalisée depuis Lluc. Après une ou deux heures de montée, j’arrive sur un petit plateau montagneux où je me retrouve seul avec les chèvres et une vue à 360°. J’ai toujours trouvé qu’il y avait quelque chose d’extrêmement gratifiant à grimper pendant plusieurs heures pour être récompensé par une vue incroyable. On est en plein dans ce cas de figure !
Jour 3 | Sóller – Deià | 13 km – 4h45 de marche
Cette troisième étape est l’une des plus tranquilles et l’une des moins variées en termes de paysages. Sans doute la moins intéressante de ces cinq jours, globalement. Le sentier reste au pied des montagnes, souvent à l’ombre des arbres et avec quelques points de vue sympas sur la Méditerranée. J’arrive assez tôt à Deià. Ce n’est pas trop mal, parce que ça me permet de faire une vraie pause, déjà, mais en plus, comme le village est hyper mignon, j’en profite pour m’y balader un petit peu. Ces maisons perchées en pyramide dans les montagnes, semblables à une sorte de mini tour de Babel, me permettent de varier un peu les plaisirs entre deux sentiers du GR.




Jour 4 | Deià – Esporles | 23 km – 8h40 de marche
Dans mes quelques recherches avant de partir, j’avais cru comprendre que le principal atout de la Ruta de Pedra en Sec, c’était la partie entre Pollença et Lluc. Après un deuxième jour passé en plein dans les montagnes et un troisième sur des sentiers bien plus tranquilles, je m’attendais à ce que cette quatrième étape soit dans la continuité : quelques chemins au pied des sommets et l’une ou l’autre vue sympa sur la mer, sans rien de très grandiloquent. Eh bien, je me suis complètement planté.
La journée commence tout de suite par une montée assez raide, mais rapidement, je suis récompensé par des points de vue incroyables sur la vallée et les sommets voisins. Et comme le plus gros du dénivelé se fait en début de journée, la suite n’est que du kiff. Je me régale à descendre tranquillement la montagne en admirant le décor impressionnant. L’étape entre Deià et Esporles aura beau avoir été la plus longue, et de loin, elle restera ma préférée. Sans doute parce que les paysages sont toujours plus beaux quand on ne s’y attend pas.




Jour 5 | Esporles – Estellencs | 14 km – 5h de marche
Cette dernière étape ressemble presque à une sorte de décrassage après les 23 kilomètres de la veille. J’ai clairement laissé les sommets derrière moi, et cette fois, je me retrouve davantage dans le cadre méditerranéen plus classique : la mer, la terre sèche et les orangers. Je sillonne entre les habitations, impressionné devant certaines villas ultra-luxueuses. À Majorque, certains touristes ne sont clairement pas venus pour faire de la randonnée…
Une fois arrivé à Estellencs, il ne me reste plus qu’à prendre un bus pour retourner à Palma. Avec plus de temps et davantage de logements disponibles, j’aurais pu prolonger l’aventure d’un jour ou deux. Il m’aurait fallu une ou deux étapes de plus pour rejoindre le point final du GR 221 : le Port d’Andratx. 24 km et 8h40 de marche pour rejoindre Sant Elm, puis 9 km et 3h20 de marche pour rejoindre Andratx.



Ce qui m’a finalement le plus surpris, c’est la magnifique diversité des paysages de Majorque sur ce GR. Et sa tranquillité, pendant qu’à quelques kilomètres de là, d’autres visiteurs s’amassent sur les plages les plus prisées de l’île. Bon, je ne dis pas que je n’aurais pas apprécié une petite baignade entre deux journées de rando, mais quel régal d’avoir traversé Majorque du nord au sud de cette manière.
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