Road trip d’une semaine aux couleurs de l’automne roumain
Un aperçu de la Transylvanie en une semaine, autour de Brașov et de la sublime Route Transfăgărășan
Quoi de mieux que la Roumanie comme destination de voyage à la fin du mois d’octobre, en plein cœur de l’automne ? Bon, il me faut bien l’admettre, le pays ne figure pas en tête de liste des destinations les plus prisées à cette période, ni même à aucune période. Pourtant, durant mon passage en Transylvanie pendant une semaine, la Roumanie s’est parfaitement mariée à la saison des feuilles tombantes. Les forêts montagneuses multicolores et les châteaux ayant inspirés les plus célèbres histoires de vampires ont rendu une vision très fidèle de ce qu’on imagine être un automne réussi. Contrée des ours et des montagnes, la Transylvanie ne mérite pas d’être connue qu’en tant que lieu de récréation de Dracula.
Bucarest, une capitale oubliable avant la Transylvanie (1 jour)
Facilité oblige, nous atterrissons à Bucarest, capitale de la Roumanie et détentrice du principal aéroport international, où nous récupérons notre véhicule de location. Nous expédions assez vite la visite de la ville. Elle n’est pas laide en soi, mais elle ne déborde pas d’un immense intérêt non plus. Puis, surtout, ce n’est pas vraiment la raison de notre venue en Roumanie. Ce qui nous intéresse plutôt, ce sont les montagnes, les immenses étendues de nature et les châteaux qui font la réputation de la Transylvanie.
Quelques heures à se balader dans les immenses boulevards complètement vides de voiture en ce dimanche après-midi, avec une rapide contemplation de l’Athénée roumain, du Palais du Parlement et de quelques bâtiments religieux, suffisent à occuper la seule journée que nous avons prévue de consacrer à Bucarest. L’objectif est d’atteindre rapidement la Transylvanie, plus précisément la célèbre (en tout cas célèbre pour qui recherche des informations touristiques sur la Roumanie) Route Transfăgărășan, première étape de notre périple. Et vu qu’il faut compter quatre heures de trajet depuis la capitale, nous ne nous attardons pas trop sur le chemin.
La Transfăgărășan, la plus belle et célèbre route de Roumanie (1 jour)
À en croire les Roumains, ou du moins les sites touristiques dédiés à la Roumaine, la Transfăgărășan (que je suis bien content de n’avoir qu’à écrire et pas à prononcer) serait la plus belle route du monde. Rien de moins. Pour être tout à fait franc, j’avais déjà lu pareil commentaire de la part des Autrichiens à propos de leur Grossglockner (elle aussi plus simple à écrire). J’en viendrais à me demander si, au fond, chaque pays ne possède pas « sa » plus belle route du monde ou du continent.
Comme sa concurrente autrichienne, la Transfăgărășan slalome entre les montagnes, dessine des courbes dans l’imprenable décor et offre d’innombrables points de vue. Depuis chacun d’entre eux, la nature s’étend à perte de vue. Nous nous arrêtons au bord du Lac Bâlea. Nous grimpons depuis l’eau jusqu’au petit sommet voisin. L’ascension est rude mais très courte. L’ensemble de l’expérience n’est pas d’une difficulté insurmontable. Depuis le sommet, la récompense surpasse l’effort. Les montagnes nous entourent. Nos yeux ne savent où se poser. Ne fâchons personne : écrivons que tant la Transfăgărășan roumaine que la Grossglockner autrichienne peuvent viser au moins le top 10, si pas le top 5, dans le classement des plus belles routes européennes.
Rendre visite à Dracula en chemin vers Brașov (3 jours)
La Transylvanie est sans doute autant, peut-être même davantage, connue pour être le terrain de jeu des vampires que pour être une région de Roumanie. Alors, en chemin vers Brașov, qui sera notre halte finale, d’où nous pourrons poursuivre l’exploration des environs, nous faisons une halte là où la légende a commencé : au Château de Bran. Situé sur les hauteurs du village, à l’architecture médiévale remarquable, il se plaît plutôt bien dans le paysage. S’il mérite le détour pour ces raisons, c’est surtout en tant que lieu de naissance du Comte de Dracula qu’il est connu. C’est, de fait, ce lieu et son supposé résident Vlad Țepeș (ou « Vlad L’Empaleur » pour le surnom mignon) qui ont inspiré à Bram Stocker l’invention du personnage de Dracula et l’écriture du roman éponyme. Le prince était par d’aucuns appelé « Draculea », soit « le fils du dragon » en roumain (son père ayant lui-même été surnommé « Dracul »), la suite logique fut toute trouvée. Le lieu est bien sûr bondé de décorations un peu kitsch et de boutiques de souvenirs tout autant farfelues sur le thème des longues canines, mais ce n’est pas une surprise. Loin d’être un immanquable lors d’un séjour dans la région, le Château de Bran n’est pas non plus une immense déception. Il est à la simple hauteur de ce qu’on peut attendre d’un tel lieu converti en attraction touristique.
Brașov, la ville du coin, n’est qu’à une grosse demi-heure de Bran. C’est là que nous déposons nos affaires et fixons le point de départ de la découverte des environs. Première étape : la ville de Brașov, puisqu’on y est. Le centre-ville est assez petit, mais pas dénué d’un certain charme. Les rues médiévales délimitent les points d’intérêts, de la place principale (la Piața Sfatului) à l’Église noire (Biserica Neagra). Comme celles du Seigneur des Anneaux, en moins dramatiquement imposantes, les deux Tours (la Blanche et la Noire) permettent d’apprécier la ville depuis les hauteurs.
Plus étonnant, à dix minutes de voiture du centre-ville et à peine en-dehors de Brașov, une impressionnante étendue de nature se profile très rapidement. Les Pietrele lui Solomon (littéralement « Pierres de Solomon ») sont un endroit remarquable. Une courte randonnée sous les feuilles tombantes nous fait grimper au sommet d’un monolithe pour faire face à un autre. Nous ne sommes pas si loin des charmes citadins, nous ne sommes pas si éloignés du parking où nous avons abandonné notre véhicule de location, mais déjà, la forêt trace la ligne d’horizon. Les arbres caressent les courbes montagneuses du paysage, se colorant tantôt de rouge, tantôt d’orange, tantôt de vert, les couleurs de l’automne, finalement.
Râșnov, une vision de l’automne (1 jour)
Nous accordons une journée à la petite ville de Râșnov, située à moins de trente minutes de Brașov. C’est avant tout sa forteresse qui fait la notoriété des lieux. Mais, la « Cetatea » étant fermée pour rénovation lors de notre passage, nous nous contentons de l’admirer depuis son pied. Ses murailles surplombent les lettres épelant « Râșnov » sur la colline, à la manière de celles un tant soit plus célèbres d’Hollywood. Qu’importe qu’on ne puisse pas y entrer, sa vue en contre-plongée nous contente déjà. Surtout, Râșnov a d’autres atouts à faire valoir.
Non loin de ladite forteresse se cache la grotte Valea Cetatii. Un petit parking le long de la route, puis une dizaine de minutes de marche sous une pluie de feuilles dissimulent son accès, mais il en fallait plus pour nous empêcher de la dénicher. Une fois arrivés, nous apprenons que le tour guidé (obligatoire, ce qui est compréhensible dans un tel endroit) n’est proposé qu’en langue roumaine. Nous nous passerons des explications, mais au moins, c’est plutôt immersif. Qu’importe finalement, le son des gouttes d’eau s’écoulant le long de stalactites avant de frapper le sol comble déjà le silence de l’imposante cavité rocheuse.
En poursuivant un peu sur la route au sortir de la visite de la grotte, nous nous arrêtons au bord de la forêt, d’où débute un sentier censé nous emmener jusqu’à un lieu indiqué par « Bisericuţa Păgânilor » sur la carte. Une bonne heure de marche est prévue, et autant pour revenir jusqu’à la voiture ensuite. Chacun de nos pas fait craqueler les feuilles mortes au sol. Chacun de nos regards s’arrête sur les couleurs orangées de la forêt. Chacun de nos gestes, au final, nous rappelle que nous sommes bien en automne. Je ne saurai écrire avec exactitude si nous avons atteint le point final prévu de notre promenade, quoique les photos affichées sur internet semblent bien concorder avec les miennes, mais au détour du sentier, alors que les arbres étaient jusque là notre seul horizon, un mirador se découvre à nous. Un rocher y surplombe l’immensité de la forêt. La vue est interminable. Et toujours ces couleurs, le rouge, l’orange, le vert, qui ne semblent jamais s’arrêter et dont ne nous lassons pas.
Au sommet de la montagne du Parc Naturel de Bucegi (1 jour)
Il y a, tout autour de Brașov, de nombreuses montagnes et autant de randonnées possibles. Deux principaux Parcs Naturels campent au sud de la ville, celui des Munții Piatra Craiului et celui de Bucegi. Nous avons malheureusement manqué l’exploration du premier nommé, bien que nous avions noté un chemin aussi aguicheur qu’accessible au départ de la fontaine Botorog et jusqu’à la Cabana Curmătura.
Par contre, nous avons bien fait un détour par Bucegi. Le Parc Naturel est grand et accessible par plusieurs endroits, en téléphérique, en voiture, à pied, au confort de chacun. Le point de départ le plus proche est à Bușteni, petit village doté d’un téléphérique qui assure la liaison jusqu’au sommet. Pas n’importe quel sommet d’ailleurs, puisque celui des montagnes Bucegi est l’un des plus hauts points de Roumanie, perché à 2500 mètres d’altitude. Bușteni est tout de même situé à une heure de route de Brașov, où nous devons dans tous les cas rentrer au soir puisque nous y dormons, et la journée est déjà bien entamée. Alors, pas très motivés à l’idée de conduire une heure de plus dans les routes de montagnes, et pris de court par le temps qui nous empêche de tenter l’ascension à pied, nous nous laissons tenter par le téléphérique, bien que son prix exorbitant (particulièrement vu le coût de la vie dans le pays) a bien failli nous décourager.
Un millier de mètres d’ascension fulgurante plus tard, nous voilà donc arrivés au-dessus des nuages. Bien entendu, la vue est folle. Bien entendu aussi, il fait très froid et le vent souffle fort. Cet automne si tendre avec nous montre cette fois sa facette moins agréable. Puis, nous sommes quand même à 2500 mètres de hauteur. Ici, la verdure disparate de la saison n’est plus. Le sol est plus sec, les couleurs plus ternes et la roche le principal élément naturel reconnaissable. Le spectacle n’en reste pas moins vertigineux. Nous retrouvons nos tons rougeâtres fétiches sur la redescente du téléphérique. Les arbres tentent avec difficulté de retenir leurs feuilles contre la volonté du vent, alors qu’ils semblent déjà peiner à s’accrocher aux parois de la montagne.
Une fois en bas, nous terminons notre (petit) tour de la Transylvanie autour du Château de Peleș. Encore un château, un dernier. Son architecture allie les époques, les styles et, surtout, sublime le décor entre montagnes et forêts. Nous ne pouvions rêver d’une meilleure image finale pour ponctuer ce voyage. Un parfait condensé de ce qui a captivé notre attention pendant cette semaine en Roumanie. Voilà là un beau dernier cliché en couleurs, celles de l’automne.
Très bon article! Vos conseils seront utiles pour mon prochain voyage.