Mon plus beau voyage manqué sur l’île du Sud
de Nouvelle-Zélande
Une semaine de presque road trip de Christchurch à Queenstown
S’il y a bien une chose que voyager m’a appris, c’est que planifier son itinéraire avec une précision méticuleuse n’a qu’un très faible intérêt. Écrivons-le plus clairement : c’est totalement inutile. Parce que voyager, outre s’extasier face à la beauté d’un décor, c’est aussi (ou surtout ?) rencontrer des compagnons de route, prendre bonne note des bons plans de visites ici et là, faire face aux mésaventures de toutes sortes. Bref, c’est revoir et revoir son programme au jour le jour. En un mot : s’adapter. Parce qu’on ne peut évidemment pas tout prévoir. Surtout pas une pandémie mondiale qui allait paralyser le monde entier pour plusieurs mois.
Mon programme en Nouvelle-Zélande était plutôt simple. Louer une voiture et boucler les principaux points d’intérêt des deux îles en trois semaines. Le programme est chargé, mais l’itinéraire est planifié au jour près et tout est jouable. Vous me voyez venir, c’était sans compter sur l’ampleur de ce bon vieux Covid-19. Impossible de prévoir la fermeture des frontières, l’arrêt des aéroports, le déclin des compagnies aériennes et l’interdiction de déambuler en plein air pour toute raison non essentielle. Impossible du coup de prévoir que le voyage allait brusquement s’interrompre après une semaine. Et avec lui mon activité montante de globe-trotteur.
Laissons derrière nous cette heureuse introduction. En une semaine de Christchurch à Queenstown, j’ai tout de même eu le temps de profiter quelque peu d’un des plus beaux pays que j’ai eu la chance de visiter.
De Christchurch à Mt Sunday : On a marché sur la Terre du Milieu (2 jours)
C’est loin d’être un secret, la Nouvelle-Zélande est le lieu de tournage des trilogies du « Seigneur des anneaux » et du « Hobbit » plus récemment. Comme si ça ne suffisait pas que le pays offre un nombre inimaginable de paysages magnifiques…
J’atterris sur l’île du Sud, plus exactement à Christchurch, point de départ d’un road trip initialement censé m’emmener jusqu’Auckland, tout au bout de l’île du Nord. Le tour de Christchurch se fait assez vite. Le temps de se remettre du vol et d’explorer les jardins botaniques plutôt intéressants, puis me voilà parti sur les routes en direction du sud du pays.
Le premier arrêt sur le chemin est Edoras, capitale du Rohan, royaume de la Terre du Milieu. C’est véritablement le nom indiqué par Google Maps. Bon, en réalité ça s’appelle plutôt Mt Sunday, mais avouez que Edoras a quand même plus fière allure. Inutile d’expliquer qu’il s’agit ici d’un des lieux de tournage du « Seigneur des Anneaux ». Mais à l’arrivée, c’est moins l’idée de marcher sur les traces d’Aragorn, Legolas et Gimli qui m’emballe que la beauté du décor. L’ascension de Mt Sunday se fait en quelques dizaines de minutes et le sommet offre une vue à 360 degrés sur la vallée, les rivières et les montagnes avoisinantes. La brume tente d’abord quelque peu de gâcher le panorama, avec un succès relatif. Le temps est très vite changeant en Nouvelle-Zélande et une dizaine de minutes suffisent à éclaircir totalement le ciel, laissant entrevoir l’horizon à perte de vue. La météo n’a visiblement pas de temps à perdre ici. Ce sera le cas chaque jour pendant tout le reste du séjour. Les matinées sont brumeuses, mais à la première éclaircie, les nuages s’enfuient à une vitesse folle, comme s’ils étaient effrayés par le soleil. Allez savoir pourquoi, en tout cas je ne vais pas m’en plaindre.
En chemin vers Mount Cook : Entre lacs et montagnes (2 jours)
Les centaines de kilomètres avalés en voiture en Australie ou les longs trajets en bus en Asie n’ont pas toujours eu le don de rendre les déplacements agréables lors de mes précédents voyages. Pour le coup, c’est tout l’inverse en Nouvelle-Zélande. Les heures de conduite semblent dérisoires quand elles sont passées à admirer le paysage changer toutes les demi-heures de l’autre côté du pare-brise. Je regrette presque ces moments où il faut s’arrêter et où je ne peux plus faire sillonner la voiture entre les montagnes et les lacs.
Après, quand il faut s’arrêter au bord d’un lac à l’eau étonnamment bleue et entouré de montagnes de toute part, ça pourrait être franchement pire. Ce paysage est celui de Lake Tekapo. Et il est absolument superbe. Le bleu de l’eau semble directement sorti d’un tableau. Une randonnée d’un peu moins de deux heures au sommet du Mt John permet d’admirer d’en haut ce décor incroyable. Une indication le long du sentier m’apprend également que selon la légende, les nombreux lacs de la région auraient été creusés à coup de rames par un géant ayant traversé les terres en canoë. J’avoue n’être que moyennement convaincu.
Mais continuons sur les routes. Car un peu plus tard cette journée, je découvre la plus belle route sur laquelle j’ai pu user les pneus de la petite voiture qui m’accompagne en Nouvelle-Zélande. Je laisse Tekapo derrière moi pour longer un autre lac, Lake Pukaki. Le bleu de l’eau est toujours aussi étonnant. Pourquoi ne peuvent-ils pas faire des lacs comme tout le monde dans la région ? Si Lake Tekapo était déjà impressionnant, il n’est finalement qu’un avant-goût. Désormais, la route longe l’entièreté du lac bordé par les montagnes. Certaines sont recouvertes de verdure, d’autres sublimées par des glaciers et neiges éternelles. Et Mt Cook surplombe le tout, pour rappeler que du haut de ses 3700 mètres, il est le plus haut sommet du pays. Des points de vue sont plantés tout au long du chemin. Difficile de résister à la tentation de s’arrêter toutes les cinq minutes pour contempler le paysage ahurissant. Qui m’avait dit que c’était l’Australie le pays des road trips ?
Dernière étape forcée à Queenstown (4 jours)
Le temps de m’aventurer sur deux ou trois sentiers autour de Mt Cook et je file vers Queenstown. Le projet initial était de passer quelques jours dans la ville avant de remonter vers le nord de l’île du Sud. Ça, c’était avant d’être contraint d’écourter mon séjour grâce à cette *insérer ici le commentaire de votre choix* de pandémie.
Quelle satisfaction néanmoins d’avoir pu faire un tour par ici avant de quitter le pays. Franchement plus petite que Christchurch (la ville principale sur l’île du Sud), Queenstown paraît pourtant beaucoup plus habitée. Les backpackers (vous savez, ces jeunes voyageurs qui parcourent le monde simplement munis de leur sac à dos) fourmillent de toute part. Les commerces en tout genre prolifèrent. Bien loin de l’ambiance beaucoup trop calme de Christchurch, Queenstown apparaît comme le parfait compromis entre fête et aventure. D’un côté, la ville a poussé au milieu de nulle part, sans doute bien aidée par les nombreuses randonnées possibles dans les alentours. L’ascension de Queenstown Hill et du Ben Lomond figurent parmi les incontournables lors d’un passage dans le coin. De l’autre, elle comprend de nombreux bars, restaurants et magasins. Elle est également devenue le paradis des amateurs de saut en parachute, saut à l’élastique, ou autres sauts divers. L’idée est de profiter du jour comme de la nuit. De quoi contenter tout le monde. Le tout sans s’apparenter à un artificiel nid à touristes. Le contexte de mon départ forcé et l’envie de profiter des derniers jours du voyage au maximum altèrent peut-être un peu mon jugement. Il n’empêche, je n’ai pas beaucoup de points négatifs en tête au moment d’évoquer Queenstown. Mis à part peut-être la (très) forte inclinaison des routes. C’est marrant en voiture, par contre je n’aimerais pas les grimper à pied.
Cinquante heures sans dormir
Reste donc à prendre l’avion du retour sur le Vieux Continent. Mais bon, quitte à attendre le décollage, autant profiter du pays jusqu’à la dernière minute. Du coup, quand on me propose une dernière excursion à une bonne heure de route de l’aéroport, je n’hésite pas longtemps. Même s’il s’agit d’une randonnée de six heures pour admirer le lever de soleil quand mon vol est programmé à 18 heures le même jour. Et même si ça implique de dormir dans ma voiture et de me lever à trois heures du matin. Ben oui, il y a des ascensions qui se méritent, et celle du Roy’s Peak en fait assurément partie.
Il nous faut près de quatre heures pour atteindre le sommet le plus populaire de Wanaka. On grimpe dans le froid et avec nos lampes frontales pour seules éclaircies dans l’obscurité de la nuit. Puis le soleil s’invite lentement à la fête. Et une fois en haut, la vue est tout simplement magnifique. Les rayons du soleil se reflètent sur les lacs et donnent des tons irréels aux montagnes avoisinantes. La fatigue qui suit la nuit courte est vite oubliée. Le vent glacial, par contre, prend bien soin de nous rappeler qu’il est lui aussi d’humeur très matinale. Il nous pousse à ne pas trop nous éterniser au sommet, mais ça ne fait rien, le chemin du retour est tout aussi incroyable.
Je n’ai ensuite plus qu’à prendre le chemin de Queenstown où un agréable vol de 35 heures (escales obligent) m’attend avec impatience. De quoi prolonger encore un peu mon manque de sommeil. Parce que non, peu importe mon état de fatigue, il m’est impossible de dormir dans un avion. De toute façon, après plus de cinquante heures à rester éveillé, dormir devient un concept presque abstrait. Un voyage, ça se mérite. Et puis, le confinement en Belgique me laisse plus que le temps nécessaire pour rattraper mes heures de sommeil après des mois de vadrouille. Quelle vie.
Très bel article, cela me donne envie d’y aller.
Merci !