Voyager au Cambodge loin des plages paradisiaques:
que visiter dans le centre du pays ?

Se prendre pour Indiana Jones pendant deux semaines au pays des Khmers

« Tu pars au Cambodge ? Il faut absolument que tu passes par Sihanoukville, Kep ou Kampot ! Et essaie de visiter une île aussi. Les plages du sud du Cambodge, c’est un des plus beaux trucs que j’ai vus dans ma vie ! » Sauf que voilà, après pas loin de quatre mois passés sur Rottnest Island, une petite île à l’ouest de l’Australie, et dix jours de road trip sur la côte sud-ouest du pays des kangourous, je commençais à m’y connaître en plages paradisiaques. Du coup, on oublie les cités balnéaires, l’eau turquoise et le sable fin pour cette fois, et on part à la découverte du cœur historique et préservé du pays des Khmers.

En passant par Siem Reap et ses temples d’Angkor, par Battambang, Phnom Penh et la jungle du Mondulkiri, j’ai eu le temps de me prendre plusieurs fois pour un aventurier pendant ces deux semaines de voyage. Tout ça fin février 2020, à une époque où le Covid-19 n’avait encore impacté que quelques pays asiatiques. Du coup, je profitais du calme des sites touristiques moins prisés que d’habitude. À une époque où seule la population chinoise avait déjà l’interdiction de quitter son territoire. Comme beaucoup d’Européens, je n’imaginais pas que quelques mois plus tard, je me retrouverais moi aussi confiné chez moi. Ah, nostalgie.

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Siem Reap, entre temples et décadence (4-5 jours)

Mon périple débute à Siem Reap, point de départ des explorations des célèbres temples d’Angkor. Puisque la visite de ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO est pour beaucoup la raison principale de poser ses valises au Cambodge, autant commencer par là. Considéré par certains comme « la huitième merveille du monde », le site d’Angkor vaudrait à lui seul le voyage. Ce n’est ni son aspect hyper touristique ni son prix démesuré (37$ pour la journée, 62$ pour trois jours ou 72$ pour une semaine) qui me feront écrire le contraire ici. Alors oui, il faut parfois faire abstraction des touristes pour véritablement se croire dans Indiana Jones ou Tomb Raider. Oui, même en ce début de crise du Covid-19. Ça laisse imaginer la foule qui doit s’agglutiner en temps normal. Mais l’immense complexe n’en reste pas moins impressionnant. Les temples en ruines où la nature reprend ses droits, les racines des arbres se mélangeant ici et là avec l’architecture d’un autre temps, tout cela mérite quelques descriptions élogieuses.

Comme souvent en Asie du Sud-Est, l’accueil à l’auberge de jeunesse est rapidement suivi d’une introduction aux différents tours proposés par les agences partenaires de l’établissement. Pas trop motivé par l’idée de me faire toute la visite d’Angkor en solitaire, je me laisse tenter par les prix attractifs. Deux tours principaux sont proposés pour explorer le site, un petit et un grand. Je commence par le « Small Tour » qui comprend les temples les plus célèbres, et j’enchaînerai avec le « Big Tour » le lendemain. Reste à choisir entre la version lever de soleil ou la version coucher de soleil. Même si la pensée de me lever à quatre heures du matin m’enchante totalement, je m’oriente malgré tout vers le tour au coucher de soleil, en espérant ainsi éviter la foule du lever de soleil à Angkor Wat, sorte de tradition touristique.

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Mon exploration débute donc à Angkor Wat, le plus célèbre monument du Cambodge. Véritable emblème de pays, il est même représenté sur le drapeau national. Excusez du peu. Bien sûr, le lieu n’échappe pas à sa réputation et est la partie la plus bondée du site. Il n’empêche, Angkor Wat fait honneur à sa renommée et m’offre ma première claque du voyage. Un peu plus loin, les visages sculptés de Bayon gardent l’excursion au même niveau de grandiose. Par contre, l’arbre transperçant les murs du Ta Prohm, celui qu’on surnomme le « Tomb Raider Temple » depuis que le célèbre film de 2001 y a été tourné, est par contre une première déception vu le monde qui s’entasse dans ce petit espace. Depuis que les studios hollywoodiens y ont filmé « Lara Croft : Tomb Raider », l’endroit a gagné en popularité de manière exponentielle. Franchement, je ne comprends pas trop pourquoi les touristes se ruent en masse ici, si ce n’est pour marcher dans les traces d’Angelina Jolie, tant les temples où la nature a partiellement repris ses droits sont nombreux. Beaucoup sont aussi magnifiques et indiscutablement plus calmes. Le Ta Som et le Preah Khan, que je visite lors du « grand tour » le lendemain, sont des vrais coups de cœur dans le style.

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Bayon
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Preah Khan
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Ta Som
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Ta Prohm

Quant au coucher de soleil au toit du Phnom Bakheng, une des attractions phares d’Angkor, qu’écrire ? Oui, c’est magnifique, mais est-ce que ça mérite d’attendre pendant deux heures assis sur le sol pour être sûr d’avoir une place (un quota maximum de visiteurs est instauré) ? Pas certain.

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Phnom Bakheng

Le « Big Tour » le lendemain me permet d’explorer des temples un peu plus isolés, et c’est franchement plus agréable. Il me permet aussi de découvrir le Banteay Srei, dont les pierres rosées créent une ambiance très particulière. Et surtout qui se situe à trois quarts d’heure de route du site principal, donc que je n’aurais sûrement pas visité s’il n’avait pas été inclus dans une excursion à la journée. Finalement, mon troisième passage à Angkor, cette fois en tuk-tuk (ces taxis artisanaux composés avec une mobylette et une remorque) avec quelques compagnons de voyage rencontrés en cours de route sera pour moi le meilleur moyen de visiter l’ancienne capitale de l’Empire khmer. C’est dans ces moments de plus grande liberté qu’on peut vraiment se prendre pour un explorateur. Les tours resteront surtout une bonne alternative pour ne pas parcourir les temples tout seul.

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Banteay Srei

Que peut-on bien écrire sur Siem Reap elle-même par contre ? À la totale opposée des temples historiques, la ville semble avoir été construite avant-hier, dans le seul but d’accueillir la horde de touristes désireuse de profiter des soirées libres pour arpenter les bars et les boîtes de nuit jusqu’au petit matin. Et se faire aborder à chaque coin de rue par des prostituées ou des vendeurs ambulants qui proposent généreusement un échantillon gratuit de cocaïne en guise de geste commercial, ce n’est pas vraiment amusant plus de cinq minutes.

Quelques excursions plus lointaines prennent aussi leur départ à Siem Reap, mais le manque de temps me contraint à les délaisser pour cette fois.

Battambang et sa Bat-Cave (2 jours)

Histoire de ne pas faire le trajet Siem Reap – Phnom Penh en une fois, et histoire d’explorer le Cambodge sous différents angles, une escale à Battambang s’ajoute au programme. C’est presque sans rien savoir de la deuxième plus grosse ville du Cambodge (après la capitale Phnom Penh) que j’y atterris pour quelques jours.

L’attraction principale de la région est le « Bamboo Train », petite plateforme en bambou posée sur les rails de chemin de fer et équipée d’un moteur. C’était auparavant un moyen de transport majeur des habitants locaux. Mais depuis, ce petit train de bambou est devenu une attraction touristique qui a presque totalement perdu son aspect historique. Je fais donc l’impasse et à la place, le guide qui accompagne notre petit groupe propose un tour du quartier en tuk-tuk. Le choix était le bon : la découverte du simple mode de vie des Cambodgiens est un moment fort. C’est d’ailleurs ce qui retient mon attention à Battambang, la découverte du quotidien des Khmers de la région et les échanges avec les gens. Encore plus que la fabrication de l’alcool de riz dans lequel les artisans plongent un serpent mort en guise d’arôme. Il paraîtrait que le venin de l’animal, en se dissolvant, augmente le taux d’alcoolémie de la liqueur…

Pour en finir avec Battambang, passage obligé par une des Bat-Caves de la région. Rien à voir avec Batman (étonnamment), il s’agit d’une grotte depuis laquelle, chaque soir au coucher de soleil, des millions de chauves-souris s’échappent en file indienne en direction de la jungle où elles iront chasser leur repas du soir. Un spectacle totalement dingue.

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Phnom Penh, une capitale au lourd héritage historique (3 jours)

En tant que capitale, Phnom Penh fait elle aussi partie des incontournables au Cambodge. Mais ce n’est pas uniquement pour son aéroport international, lieu de passage presque obligatoire pour entrer ou sortir du pays, que je décide d’y passer quelques jours.

Phnom Penh n’est pas particulièrement belle en soi, quoique ce terme figure parmi les plus subjectifs et chacun se fera son opinion sur la métropole de plus de deux millions d’habitants. Je retiens surtout le Palais Royal qui mérite bien qu’on lui consacre quelques heures.

Phnom Penh Palais Royal capitale cambodge

Mais le souvenir le plus marquant prend place quelques kilomètres plus loin, à Tuol Sleng, la prison S21, dure cicatrice des horreurs commises par le régime des Khmers Rouges entre 1975 et 1979. On ne va pas se mentir, c’est loin d’être le moment le plus amusant du voyage. Mais c’est peut-être l’un des plus importants. Un de ceux qui permettent de comprendre comment le Cambodge est devenu ce qu’il est aujourd’hui. S’enrichir de paysages incroyables et d’aventures est souvent ce qu’on recherche en visitant un pays, mais découvrir son histoire et rencontrer ses habitants est bien plus souvent ce qui marque. C’est à Tuol Sleng – puis aux Killing Fields sur la suite du chemin – que je me rends vraiment compte de « l’enfer à ciel ouvert » qu’était le Cambodge durant ces cinq années, pour emprunter les mots du guide qui nous accompagne. Ce temps où la quasi-totalité de la population a été déportée dans les campagnes pour y travailler dans des conditions proches de l’esclavage. Ce temps où le régime de Pol Pot ambitionnait d’éliminer tous les citoyens « cultivés » et torturait les personnes considérées comme telles dans des prisons comme Tuol Sleng avant de les exterminer. Ce temps où plus de 20% du peuple cambodgien a été tué par le pouvoir. Quand on apprend qu’aux charniers des Killing Fields, quarante ans plus tard, le personnel du site doit nettoyer chaque mois les lambeaux de vêtements, les os et les dents que la terre fait encore remonter à la surface, ça laisse entrevoir l’ampleur de l’horreur.

Mondulkiri dans la jungle avec les éléphants (3 jours)

Le changement d’ambiance est total et soulage quelque peu après le lourd passé de Phnom Penh. Direction la petite ville de Sen Monorom, dans la province du Mondulkiri. La ville en elle-même n’a pas vraiment d’intérêt. Elle est surtout le point de départ de nombreuses randonnées dans la jungle cambodgienne et de visites de sanctuaires d’éléphants. Mon désir de voir des éléphants est moins fort que mon refus de participer à la souffrance de ces animaux sauvages pour le seul bon plaisir des touristes. Visiter un des sanctuaires de la région semble donc être un choix idéal en opposition avec les zoos ou autres promenades à dos d’éléphant (pratique d’ailleurs interdite au Cambodge depuis janvier 2020). Mon choix se porte sur le Mondulkiri Project, qui propose une journée de trek de 18 kilomètres dans la jungle et une autre avec les éléphants. Le projet initié par Mr Tree loue des terres où vivent en semi-liberté cinq  pachydermes autrefois utilisés pour le transport ou le tourisme et depuis rachetés à leurs propriétaires. Les animaux exploités dans le passé sont encore craintifs, mais ils réapprennent progressivement à vivre dans leur milieu naturel. Et c’est déjà une grande avancée. L’ONG rêve d’ailleurs d’observer la naissance naturelle d’un éléphanteau, évènement qui n’est plus arrivé depuis près de 30 ans au Cambodge.

Annonçons-le clairement, 18 kilomètres de marche dans la jungle par 35 degrés et un fort taux d’humidité, ça n’a rien d’une promenade tranquille et apaisante. C’est plutôt une expérience éprouvante, bien que la baignade dans une cascade ou le déjeuner à l’abri des arbres tropicaux valent la peine. Mais surtout, randonner en pleine jungle, ça a de l’allure sur le papier, mais dans les faits, ça équivaut à marcher en pleine forêt pendant toute la journée. C’est bien sympathique, mais il ne faut pas s’attendre à s’arrêter à un point de vue ou à s’extasier devant des paysages à couper le souffle tous les dix mètres. Ça devient assez vite répétitif. On s’amuse beaucoup pendant les deux premières heures, un peu moins pendant les cinq suivantes.

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Pour ce qui est de la rencontre avec les éléphants, osons par contre tous les superlatifs. L’arrivée de cet imposant roi de la jungle (ben oui, si le lion est le roi de la savane, pourquoi pas ?), se faufilant entre les arbres et s’approchant avec assurance de notre petit groupe (ou plutôt des bananes que nous tenons tous dans nos mains), c’est un évènement qui marque pour longtemps. Nourrir, laver et caresser un éléphant, ça a quelque chose d’assez dingue quand on y pense. Quoi de mieux pour terminer le voyage avant de repartir vers Phnom Penh pour prendre l’avion ? Se retrouver baigné dans une rivière, au pied d’une cascade, à poser sa main sur la trompe rugueuse d’un éléphant qui semble nous regarder dans les yeux, ça fait partie de ces moments fous où on se sent assez chanceux. Vous savez, ce genre de moments où il y a toujours quelqu’un pour dire « Eh bien franchement, si on m’avait dit avant de partir que je me retrouverais dans cette situation… ». Un de ces moments-là. Finalement, la vie peut être simple des fois. Même si au fond, on sait tous très bien que l’éléphant n’est préoccupé que par son estomac.

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