Découverte de cette ville complètement folle qu’est Séoul
Itinéraire de deux semaines en Corée du Sud, d’une ville à une montagne, d’un temple à un autre, sur un fond de K-Pop : découverte de Séoul (1/3)
La Corée du Sud, c’est la K-Pop, c’est BLACKPINK, BTS et Gangnam Style. La Corée du Sud, c’est une énorme industrie du cinéma, c’est Squid Game, Parasite et Old Boy. La Corée du Sud, c’est la cuisine, c’est les barbecues coréens, le kimchi et le bibimbap. Oui, oui et oui, mais pas que. La Corée se fait de plus en plus une place dans la culture populaire, mais elle n’est pas encore devenue une destination touristique connue de tous. Le pays nous a réservé, mes deux potes et moi, des merveilles de toutes sortes, dans un itinéraire de deux semaines aux multiples moyens de transport (trains, bus, avions et voitures de location) de Busan à Séoul, avec des détours par l’île de Jeju et le parc national de Seoraksan. D’un jour à l’autre, les temples ont laissé place aux immeubles, la campagne aux montagnes et l’ultra-moderne au traditionnel, avec (presque) toujours le même émerveillement.
Arrivée en terres coréennes
Contrairement à un bon nombre de touristes en Corée du Sud, je n’ai pas choisi la destination car je suis fan de K-Pop. Ni moi, ni les deux potes avec qui j’ai prévu de passer deux semaines dans ce pays. Difficile de trouver les chiffres exacts du nombre de personnes qui visitent la Corée avant tout pour sa musique (7% ? 13% ?), mais le récent boom de la culture coréenne à l’internationale y a indéniablement influencé le tourisme. Pour être franc, je n’y connais pas grand chose en K-Pop. J’ai bien entendu l’un ou l’autre son de BTS ou de BLACKPINK, je me souviens évidemment du monstrueux buzz de Gangnam Style, mais ma culture du genre s’arrête là. Côté K-Dramas, ce n’est pas beaucoup mieux. J’ai regardé les films de Bong Joon-ho et Park Chan-wook, ça oui, mais je ne me définirai pas non plus comme un fan absolu. Alors, pourquoi voyager en Corée ? Pour beaucoup de choses, finalement ; entre les temples, les villes, les montagnes et le reste, notre programme est chargé.
C’est après une quinzaine d’heures de vol et une bonne heure de métro que nous découvrons l’immense capitale. On aperçoit d’abord quelques bribes de la ville à travers les fenêtres du wagon, mais c’est lorsque nous émergeons de la terre qu’elle se découvre vraiment à nous. D’abord, nous levons les yeux. Séoul est très grande, mais aussi très haute. Entre les tourbillons de câbles électriques, nous apercevons les gratte-ciel. Puis, sur le chemin jusqu’à notre auberge de jeunesse, nous nous émerveillons dans les petites ruelles, entre les panneaux d’affichage. C’est un peu idiot, mais le simple fait que tout soit écrit en hangeul (l’alphabet coréen) et pas en alphabet latin, ça suffit à créer le dépaysement.
Nous ne visitons que peu de choses le premier jour. Le temps de déposer nos affaires, de manger un barbecue typique (quoi d’autre ?) et la fatigue du vol se fait déjà ressentir. C’est vraiment le lendemain que nous partons à l’aventure.
Le top 5 impérial
En réalité, nous visitons la ville en deux fois, une première à notre arrivée et une deuxième plus tard, parce que notre itinéraire nous force à repasser par la capitale pour aller à Sokcho (j’y reviendrai plus tard). Pour que ce soit plus pratique, je vais regrouper en une seule fois mes deux expériences séouliennes. Séoul est immense. Abritant la moitié de la population nationale, si on compte la totalité de son aire urbaine, la mégalopole est déjà un formidable condensé de toutes les merveilles du pays : des temples, des palais impériaux, des montagnes et des buildings. De là à écrire que visiter Séoul suffit pour dire qu’on a visité la Corée, il y a un pas que je ne franchirai pas.
Notre découverte commence par la visite des cinq palais impériaux incontournables (en réalité quatre et un sanctuaire). Nous apprenons l’existence de ce top 5 lorsque nous achetons notre ticket pour Deoksugung, le plus proche de notre hostel. Plutôt que de prendre une entrée individuelle, il est proposé un combo pour quatre palais (Deoksugung, Gyeongbokgung, Changgyeonggung et Changdeokgung) et un sanctuaire (Jongmyo). Ça semble être un bon plan. C’est parti pour le quintet impérial.
En rouge et vert
C’est d’abord dans le palais de Deoksugung que nous entrons. Il est, a posteriori, peut-être le moins intéressant des quatre. Donc, pour une première mise en bouche, il est idéal. Nous découvrons sous des toits à l’asiatique – vous savez, ceux dont les bords sont courbés vers le haut à chaque coin – des portes rouges et vertes, des bâtiments rouges et verts, des longues rangées de poutres rouges et vertes. En fait, tout est en rouge et en vert. Je caricature un peu, mais ces deux couleurs prédominent de très loin toutes les constructions traditionnelles que nous avons pu voir en Corée, si on excepte les toits aux tons sombres. Ne vous y méprenez pas, c’est très beau, mais ça a quelque chose, disons, de monotone. Deoksugung est assez petit, il est une sorte d’apéritif. Nous y découvrons pour la première fois ces couleurs emblématiques, cette architecture traditionnelle et cette passion qu’ont les touristes asiatiques pour prendre la photo parfaite.
Les cinq lieux forment une boucle que nous suivons logiquement. Le prochain arrêt sur notre route impériale est le palais de Gyeongbokgung. Plus grand, plus somptueux, il campe entre les arbres. Nous sommes à la fin du mois de mars, les cerisiers fleurissent timidement, c’est mignon. Des groupes de filles ou des couples coréens – je ne me souviens pas avoir vu de groupe d’hommes – s’amassent contre les bâtiments ou à l’abri du rose des arbres. En quête du cliché parfait, ils ne sont pas rares à former d’interminables files devant le cerisier idéal. C’est assez fou à voir.
Par contre, la réflexion s’était déjà immiscée dans mon esprit au Deoksugung et se poursuit ici, tout a l’air très neuf. Pour des monuments historiques, c’est surprenant. En réalité, si tous ces palais datent bien de la dynastie Joseon, qui fit de Séoul sa capitale en 1394 et bâtit ces monuments dans la foulée, tout ou presque a été détruit pendant les multiples invasions qui ont entaché l’histoire du pays. Ce n’est que vers la fin du 19e siècle que les reconstructions ont commencé, les rénovations suivant avec le temps. Rien n’est finalement très ancien.
Les deux derniers palais (Changgyeonggung et Changdeokgung) et le sanctuaire de Jongmyo se trouvent tous plus ou moins au même endroit, dans une sorte de grand parc qui inclut les trois. Je ne vais pas m’éterniser sur le décor. La grosse différence avec les deux précédents c’est qu’ici, surtout à Changdeokgung (qui possède d’ailleurs des « jardins secrets »), c’est beaucoup plus vert. Pas les bâtiments, hein, j’entends par là qu’il y a beaucoup plus de nature qui entoure l’endroit. Les étangs et les arbres fleurissant habillent les contours des murs. Pour être vraiment honnête, il devient vite difficile de comparer ces sites historiques. L’un est plus grand, l’autre plus entouré de nature, plus bondé, mais les similarités s’accumulent vite. Histoire d’aller au bout de la sincérité, en écrivant ces lignes quelques semaines après mon retour en Belgique, il me faut réfléchir longuement pour ne pas confondre les différents lieux. Voyons ça d’un œil positif, ils sont tous magnifiques. Le plus fou dans tout ça, ce sont les immenses immeubles qui surplombent ce cadre traditionnel. Ça me peine d’écrire un tel cliché, mais on est vraiment entre tradition et modernité.
Au pays du matin calme et des nuits agitées
Quand j’écrivais que Séoul était immense, je n’exagérais pas. Les palais et le sanctuaire ne sont qu’une infime partie des endroits à découvrir dans la capitale. Alors, pour ne pas que ce texte s’éternise sur des lignes et des lignes, je vais aller à l’essentiel. D’abord, les choses que nous n’avons pas pu voir, faute de temps, de timing, d’envie aussi, bref de pas mal de choses. Outre les reliquats impériaux, les buildings et la K-Pop, la ville est aussi entourée par plusieurs montagnes. J’avais remarqué les parcs nationaux de Bukhansan et Yongmasan, mais le timing nous a malheureusement empêché de nous y aventurer. Pareil pour la N Seoul Tower, sans doute intéressante mais dont le prix nous a motivé à écouler notre temps ailleurs. Nous nous sommes brièvement promenés dans le petit parc à son pied, avant le départ du téléphérique. Déjà, la vue sur la Skyline y est impressionnante.
Bon, à présent, à quoi avons-nous concentré le reste de notre séjour dans la capitale ? Pour commencer, il y a un plaisir certain à simplement flâner dans les rues. Notre curiosité se laisse guider par nos sens. Attirés par une musique entraînante (la K-Pop, toujours omniprésente), par une devanture intrigante ou une odeur qui plaît à nos estomacs, nous nous laissons emporter dans les centres commerciaux et les restaurants de la ville. Au Pays du Matin Calme, les débuts de journée font honneur au surnom. Il est le temps d’un tourisme tranquille, de la visite d’un temple ou de l’un ou l’autre parc. Je retiendrai ma découverte du Bukchon Hanok Village, encore un changement d’ambiance bienvenu dans cette folle ville. Attention toute particulière pour la rue principale d’où, à son sommet, les photographes en herbe et leurs modèles en costume traditionnel font la loi.
Au fur et à mesure que le soleil se couche, Séoul fait l’inverse. Les néons s’allument, les activités fourmillent. Nous nous arrêtons à un coin de rue pour goûter divers Street Food, à un autre pour s’amuser à lire les inscriptions sur les T-shirts et pulls des boutiques de vêtements. Parce qu’il faut savoir qu’ici, les gens adorent apparemment afficher sur leurs tenues des inscriptions en français ou en anglais toutes plus improbables. Lire sur un T-Shirt le logo de McDonald inversé et détourné en « Weed » ou encore une citation « Aide-toi, le ciel t’aidera » sous-titrée « Vous eres une perte rare » (les fautes de frappes ne sont pas de moi, je précise) pendant que le magasin passe de la K-Pop à fond, c’est assez surprenant. Les heures continuent de filer. Autour de nous, la musique s’intensifie. Elle finit par nous attirer dans une espèce de bar/boîte. Pour résumer l’ambiance, le bar assure les consommations à l’intérieur pendant que, dehors, tout le monde se trémousse sur des musiques populaires américaines, du reggaeton ou les plus grands hits locaux. Nous nous prêtons au jeu en tentant, comme tout le monde, de suivre le rythme des plus grands sons de BTS, BLACKPINK et autres. Nous commençons à connaître maintenant.
Il est enfin temps de quitter Séoul, avec les regrets de ne pas avoir tout découvert, mais la joie de s’en aller explorer d’autres régions du pays. Nous prenons l’avion pour l’île de Jeju, réputée pour être l’une des « sept nouvelles merveilles de la nature », à en croire cette liste officieuse qui avait déjà élue les « sept nouvelles merveilles du monde ». Nous devrions apprécier, ou plutôt « How you like that? You gon’ like that, that-that-that, that, that-that-that, that », comme le chante BLACKPINK. Oui, j’aime bien finalement.