Itinéraire en road trip au Panama, deux semaines au paradis vert
En pleine saison des pluies, découverte d’un Panama désert de touristes mais riche d’innombrables beautés naturelles
Aaah, l’Amérique Centrale ! Sans doute le paradis préféré des backpackers après l’Asie du Sud-Est. Qui n’a jamais rêvé de découvrir la jungle luxuriante du Costa Rica, les volcans du Nicaragua, les spots de surf du Salvador, les sites de plongée du Honduras, les temples mayas du Guatemala, le Grand Trou Bleu du Belize et le… canal du Panama ?
C’est vrai, tiens, pourquoi ne parle-t-on presque jamais du Panama ? Le pays abriterait-il moins de merveilles que ses camarades centre-américains ? Ou bien, simplement, son économie florissante reposerait-elle moins sur le tourisme et ne nécessiterait pas que le pays communique autant que ses voisins à ce propos ? Après un peu plus de deux semaines en road trip dans le pays, je pencherais clairement pour la deuxième option. Et si nous étions là face à un petit paradis peu connu…
Jour 1-2 | Colón
Le canal du Panama, mais pas seulement…
Le Panama, c’est un voyage un peu particulier pour moi, puisque je fais ce road trip avec ma compagne (et sa famille) qui est… panaméenne ! Mais promis, j’écris cet itinéraire en étant le moins biaisé possible. On s’est toujours déplacé en voiture, donc j’ai peu d’infos sur la faisabilité ou non de ce périple en transport public. Par contre, je peux assurer que se déplacer en véhicule tout terrain dans le pays est très confortable et d’une grande facilité. C’est sans doute le moyen le plus simple de visiter le Panama.
Je ne cesserai de répéter que, non, le Panama, ce n’est pas juste un canal emblématique. Que du contraire. Alors, ne vous méprenez pas si, de manière un peu ironique, je commence mon itinéraire par là.
On s’installe les premiers jours à Panama City, dans l’appartement familial, mais on n’y visite pas grand-chose en début de voyage. On y reviendra plus tard. Sur avis de ma compagne panaméenne et de sa famille, on file rapidement vers Colón, l’autre grosse ville du coin et l’autre point d’entrée/de sortie du fameux canal, côté Caraïbes. On s’arrête au Visitor Center d’Agua Clara, gros point de passage des immenses cargos. Alors, ce n’est pas encore la nature verdoyante et omniprésente qui m’a séduit dans le pays – quoique le lac Gatún, où patientent les embarcations démesurées, est déjà pas mal entouré de verdure – mais voir ces géants marins et leurs centaines de containers franchir les portes de la Mer des Caraïbes n’en reste pas moins un spectacle impressionnant. Et puis, c’est un peu un passage obligé, tant ce canal a fait (et fait encore) l’histoire du pays.
Les premiers forts, les premières plages
Colón mérite aussi de l’attention pour ses forts en ruines qui surplombent la côte. Une fois l’observation des cargos terminée, on passe quelques heures dans celui de San Lorenzo. Le lieu est chargé d’histoire, mais il me faut bien l’avouer, sous cette chaleur écrasante en plein début d’après-midi, mon regard est davantage attiré par le littoral qui fait face à l’ancien édifice militaire espagnol. Il m’a quand même fallu 14 heures d’avion (escale comprise) depuis ma Belgique natale pour arriver jusqu’ici, et en ce mois d’octobre, il me tarde forcément de goûter aux chaudes eaux caribéennes du coin, histoire d’encore plus laisser derrière moi la grisaille belge. Alors on reprend la route, une fois la visite du fort terminée, et on rejoint la Playa Diablo juste à côté. On laisse le 4×4 dans le sable et on plonge, à l’abri des palmiers, dans l’eau transparente de cette petite crique peu animée. Là, on est vraiment en vacances.
Le lendemain, c’est autour des ruines de Portobelo de venir animer notre itinéraire. Plus sobre, ce fort n’en reste pas moins intéressant. Mais surtout, il est situé à côté du point de rencontre avec Lázaro, capitaine/guide du taxi/bateau qu’on va partager avec quelques autres touristes. Il nous fait d’abord voguer au cœur des Venas Azules. Ces « veines bleues », selon la traduction littérale, serpentent entre les îlots de végétation et créent un paysage sublime, semblable à une mangrove. Puis, Lázaro nous fait découvrir trois plages (Playa Huertas, Playa del Francés et Playa Blanca) et nous propose de choisir l’une d’entre elles, où on passera le reste de l’après-midi. Le choix se porte sur Playa Blanca. Je ne sais pas si c’est pour son eau turquoise, son sable blanc à l’ombre des palmiers ou simplement parce qu’elle paraît un peu plus grande que les deux autres, mais c’est en tout cas celle qui nous séduit le plus. Playa Blanca est une vraie carte postale. C’est aussi une bonne alternative aux îles San Blas, plus prisées. La plage est paradisiaque, très peu fréquentée (du moins lors de notre passage) et comme si la vue, la baignade et la bronzette ne suffisaient pas, il y a aussi la possibilité d’y faire du snorkeling. Alors, en comparaison avec ce qu’on pourra observer dans les fonds marins de Coiba quelques jours plus tard, ce n’est rien de très flamboyant, mais chaque chose en son temps. Ah, et on aperçoit un paresseux aussi.
On quitte Playa Blanca et Colón en fin de journée, juste à temps pour faire la route jusqu’à El Valle de Antón avant la tombée de la nuit.
Jour 3-7 | El Valle de Antón
Dans le cratère du volcan
El Valle de Antón, c’est un des grands atouts touristiques du Panama. Plus simplement nommé El Valle, le village est perché au centre d’un immense ancien cratère volcanique. Autour de lui, de nombreuses randonnées sont possibles sur les différents sommets qui l’entourent. Et la force du lieu, c’est que chaque randonnée est très différente de sa voisine, aussi proches soient-elles.
Jusqu’ici, la météo panaméenne a été particulièrement clémente avec nous. On entame notre quatrième jour de road trip en pleine saison humide et on n’a pas encore aperçu une goutte. Il fallait bien que la pluie arrive un jour et elle nous contraint, d’entrée de jeu, à rebrousser chemin alors qu’on entamait notre première rando à El Valle, celle de la India Dormida. C’est sans grande importance, finalement, car un peu plus loin, au mirador du Cerro La Cruz, les nuages sont absents. Sans doute ont-ils tous décidé de camper au sommet de la India Dormida pour la journée. Pas grave, à défaut de randonner aujourd’hui, on prend notre temps pour admirer la vue à 360° sur les magnifiques montagnes environnantes.
Des randos et des cascades, mais pas de baleines
Puisqu’il ne faut jamais rester sur un échec et que la vue est toujours plus belle lorsqu’elle récompense l’effort, on retente une randonnée le lendemain. L’astuce par ici, du moins en ce mois d’octobre, c’est de démarrer tôt, car même pendant la saison des pluies, il ne pleut quasi jamais en matinée. Et comme le soleil se lève à six heures et se couche à dix-huit, le Panama n’est pas vraiment le pays des grasses-mat’.
Dans le coin, outre la India Dormida, il y a aussi le Cerro La Silla qui est très populaire. Mais comme je voyage avec ma compagne panaméenne et ses proches, je profite de leurs bonnes adresses moins prisées et on s’en va tenter l’ascension du Picacho (à ne pas confondre avec le célèbre Pokémon). La montée n’est pas des plus aisées, mais pas très longue et avec une vue à couper le souffle à l’arrivée. Les nuages se fracassent sur les sommets escarpés et les gallinazos (les vautours urubus, en français) planent au-dessus d’un paysage vertigineux. C’était donc bien vrai, la vue est encore plus belle lorsqu’elle récompense l’effort.
Les jours suivants, histoire de marquer une cassure entre les randos, on monte d’abord à bord du bateau de Joaquín, une connaissance de la famille, sur la plage de La Ermita. On part à la recherche des baleines, mais sans succès. Elles ont quitté les eaux de la région la veille, nous dit-on. Alors on s’amuse simplement à se baigner à côté de l’Isla Farallón et à pêcher notre repas du soir. On consacre ensuite une autre journée aux Chorros de Olá, impressionnantes cascades entre El Valle et Santiago, qui peuvent aussi se visiter en chemin vers Santa Catalina, pour gagner un peu de temps. Il était prévu qu’on passe aux chutes de Las Yayas, un peu plus loin sur la route, mais la pluie est venue contrecarrer nos plans.
Pour finir, on ne pouvait pas dire au revoir à El Valle sans tenter une nouvelle fois de grimper la India Dormida. Et la deuxième fois fut la bonne, sous un grand soleil. Au sommet, la montagne dévoile tout le village d’El Valle. Le cratère qui l’entoure se dessine plus clairement. Bien sûr, comme à chaque fois, tout est vert à perte de vue. Elle semble déjà si loin cette immense ville de Panama traversée par un canal. La India Dormida ne nous a pas résisté cette fois. Il ne nous reste plus qu’à prendre la (longue) route jusqu’à Santa Catalina.
Jour 8-10 | Santa Catalina et Coiba
Dans le cratère du volcan
Arriver à Santa Catalina se mérite. Si la route numéro un, qu’on appelle la via interamericana ici, est en plutôt bon état – j’ai grandi en Wallonie, donc mes standards sont plutôt bas –, celle qui mène jusqu’au petit village côtier est parsemée de nids de poules, avec l’un ou l’autre passage de vache occasionnel.
Le premier jour sur place, il faut bien l’avouer, on ne fait pas grand-chose. Après avoir exploré les différentes agences de tourisme du coin pour se rendre compte qu’elles proposent, globalement, toutes la même chose, on réserve un tour en snorkeling. Puis on profite de la plage, du soleil et de l’un ou l’autre restaurant. Mention spéciale, à ce propos, au Restaurante Mamá Nivia pour la qualité des plats à bas prix et la gentillesse des proprios. Santa Catalina est aussi prisée par les surfeurs, mais ce n’est pas trop notre truc.
Sous l’océan…
S’il ne fallait mettre en avant qu’une merveille naturelle au Panama, bon, déjà, ce ne serait pas rendre justice au pays, mais s’il fallait quand même le faire, ce serait Coiba. Ce petit bout de terre est un parc naturel protégé, sorte de mini îles Galapagos avec une vie sauvage impressionnante. Équipés de masques et de tubas, on flotte au-dessus de hordes de poissons de toutes les couleurs, de tortues de mer et de requins. On prend notre lunch sur une île paradisiaque avant de déguster un ananas frais sur une autre. Et depuis le bateau, on contemple les pirouettes des baleines et des dauphins à la surface. Le seul petit point noir est qu’entre les différentes sorties en snorkeling (trois au total), on n’a que très peu de temps pour profiter de ces plages de rêve (seulement vingt minutes sur chacune). On aurait bien aimé se prélasser plus longtemps de tels lieux d’exception.
Devant cette folle vie aquatique, je décide de me réessayer à la plongée avec le Panama Dive Center, chose que je n’avais plus faite depuis mon passage en Colombie il y a deux ans et l’obtention de mon brevet Open Water au Honduras quelques mois plus tôt. Alors, je suis loin d’être le plongeur le plus expérimenté qui existe, mais l’expérience à Coiba est en tout cas ma meilleure plongée. Entre les tortues de mer, les bancs de poisson, les raies pastenagues, les requins-bouledogues et même un requin-marteau, il est difficile de savoir où donner de l’œil.
Jour 11-13 | Boquete
Le pluvieux paradis des promeneurs
On quitte Santa Catalina des images de poissons encore plein la tête et un peu d’eau toujours coincée dans les oreilles. On emprunte avec un plaisir mesuré la route toute cabossée qui nous ramène sur la via interamericana, qu’on suit presque tout le temps jusqu’à Boquete. Boquete me fait un peu penser à El Valle : un petit village perché dans les montagnes avec des tonnes de randos à faire autour. Et comme à El Valle, il vaut mieux se lever tôt si on veut profiter du soleil. Alors qu’on n’avait quasiment pas vu la pluie durant nos trois jours à Santa Catalina, Boquete nous accueille tout de suite avec une pluie torrentielle. On pensait faire une halte à la Meseta de Chorcha en chemin, mais l’idée tombe vite à l’eau (littéralement). On se contente de s’installer dans notre Airbnb, de passer par le supermarché pour remplir le frigo et on prévoit les activités des prochaines journées matinées.
Au programme, rando, rando et… rando ! Il y a en réalité trois principales randonnées à faire autour de Boquete : le Sendero Los Quetzales, malheureusement fermé depuis mars 2023 et pour une durée indéterminée à ce jour, le sentier des Lost Waterfalls et le Pipeline Trail. En plus de ça, il est possible de grimper le Volcan Barú, soit en une dizaine d’heures de marche soit en quelques unes de 4×4, mais un peu contraint par le temps et par le climat, je me réserve ça pour un prochain voyage. Un peu plus loin, Los Cangilones de Gualaca, sorte de mini canyon, sont aussi une activité sympa, mais là encore, plutôt par temps sec.
Et à la fin, toujours une cascade
On se lève peu de temps après le soleil pour arriver dès l’ouverture (huit heures) au point de départ vers les Lost Waterfall. Le réveil pique légèrement, mais pas tant que ça. On s’est habitué à se lever tôt depuis notre arrivée au Panama. On est les premiers sur le site. Ce qui veut dire qu’on profite seuls du sentier pendant la grosse heure qu’il nous faut pour atteindre successivement les trois cascades. On prend le temps de se poser devant chacune d’entre elles, de prendre des photos et de les admirer sous tous les angles. J’ai une petite préférence pour la numéro 2, mais ma compagne était davantage charmée par la troisième, alors que je vous laisserai vous faire votre propre avis. Ce n’est que sur le chemin du retour qu’on croise d’autres curieux moins matinaux que nous. Et les premières gouttes de pluie aussi. On a bien fait de laisser tomber la grasse-mat’.
Pas le temps de se reposer, c’est reparti le lendemain pour un nouveau réveil matinal et une randonnée dès huit heures, le Pipeline Trail cette fois. Encore une fois, une cascade nous attend à l’arrivée, mais moins impressionnante que celles admirées la veille. Ici, on apprécie encore plus le chemin qui y mène, les chants des oiseaux, les vues sur la forêt et l’arbre millénaire au bord du sentier. Ce qui me frappe aussi, c’est que bien que le point de départ du Pipeline Trail ne se trouve qu’à quelques mètres des Lost Waterfall, les deux randonnées sont bien différentes.
Jour 14-15 | Panama City
Une rapide prise de température de la capitale, pour conclure
Pour rentrer sur la capitale depuis Boquete, ce qui conclura le road trip, il nous faut un bon sept heures de trajet. Alors forcément, après la rando du matin et tout ce temps passé sur la route, on tombe de fatigue une fois de retour à Panama City. Mais comme il s’agit là de nos derniers jours de voyage, on n’éternise pas trop la grasse matinée non plus. Il nous reste encore des choses à visiter avant de rentrer en Europe.
Puisque ma compagne a vécu à Panama City pendant une grande partie de sa vie avant de s’expatrier en Belgique, je me laisse guider par ses recommandations. On commence par appréhender la ville depuis le toit du Cerro Ancón. C’est définitivement le bon plan pour découvrir la ville d’en haut, la skyline au loin. Il nous faut marcher quelque peu pour atteindre le sommet. La chaleur de la ville pèse sur nos épaules et ne facilite pas la chose, mais la vue en vaut la peine. En plus, on croise un sublime toucan à l’arrivée. On admire depuis les hauteurs le mythique quartier Casco Viejo, où on se promènera quelques heures plus tard. Mais avant ça, on s’offre une autre vue sur la skyline depuis la Amador Causeway. Et à son bout, on s’arrête au Centro Natural Punta Culebra, sorte de petit refuge animalier où on apprend notamment beaucoup sur les grenouilles, les papillons, et on découvre une partie de la flore locale en liberté sur la petite île : des iguanes, des paresseux et même un raton-laveur en train de vider une poubelle pour partager les restes de nourriture avec son pote iguane. Intriguant.
Casco Viejo, c’est le vieux quartier (littéralement) où se promener à Panama City. C’est surtout beaucoup de restaurants et boutiques de souvenirs, mais dans une architecture coloniale qui a du charme. On y passe un début de soirée et une matinée. À sa frontière campe également le mythique café Coca-Cola, le plus vieux café de tout le Panama (fondé en 1875, tout de même !) et le seul café au monde à être autorisé à s’appeler officiellement Coca-Cola, avec accord de la multinationale. Excusez du peu ! Le bar-restaurant en lui-même n’a rien de vraiment plus particulier qu’un autre – si ce n’est son histoire étonnante, évidemment –, mais il est assez typique des petits établissements panaméens de la capitale. En plus, on y mange bien, et pour pas cher.
Pour finir notre périple, on déambule quelque peu autour d’El Tornillo (« la vis »), building à la forme plutôt intrigante, et des autres gratte-ciel du quartier. Il ne nous reste alors plus qu’à prendre le chemin de l’aéroport. On n’a pas passé tant de temps à Panama City, juste de quoi en prendre la température, mais quand je me remémore toutes les merveilles que j’ai découvertes ailleurs dans le pays, je ne peux avoir aucun regret. Les villes, ça n’a jamais vraiment été mon truc, de toute façon. Et puis, quelque chose me dit que ce ne sera pas mon dernier voyage au Panama…
Bilan
Mon expérience de la saison des pluies et ce qu’il me reste à découvrir
La saison des pluies en pratique
Avec un peu plus de temps, j’aurais aimé faire un tour par les îles San Blas, Bocas del Toro ou encore la région de Santa Fé, notamment pour randonner du côté de La Silampa. Mais ce n’est pas bien grave, ça me donne des raisons supplémentaires de revenir.
Finalement, le Panama compte autant de richesses que la plupart des autres pays d’Amérique Centrale, avec en bonus une faible fréquentation touristique, une forte authenticité, et un cadre tout simplement exceptionnel. Un véritable joyaux peu connu, oserai-je écrire ? En tout cas, il restera une de mes meilleures expériences de voyage sur le continent américain. Ce n’est peut-être pas si mal si les touristes ont tendance à privilégier ses voisins, ça rend l’expérience encore meilleure pour ceux qui s’y aventurent. Et quel sentiment merveilleux de se retrouver seul ou presque dans un tel paradis vert !
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merci pour votre article intéressant. D’origine belge, nous vivons actuellement au Costa Rica, mais nous allons déménager au Panama le mois prochain. Nous avons bien hâte !
Merci pour votre commentaire, je suis sûr que vous allez adorer le Panama, profitez bien !