Autour de Perth, la ville la plus isolée au monde

« En Australie, il y a Sydney, Melbourne, et puis… ? Perth ? C’est où ? »

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Article écrit le 14 avril 2020 | Voyage réalisé en septembre 2019

Il paraîtrait que Perth est la ville la plus isolée au monde. Il paraîtrait même qu’elle attire surtout les backpackers à la poursuite du rêve australien (entendez désireux de s’emplir les poches au plus vite pour continuer leur tour du pays) car la concurrence y est moins rude qu’ailleurs. Située à quelque 2700 kilomètres d’Adélaïde, sa plus proche voisine, et à près de 4000 kilomètres de la côte est (celle que tout le monde connaît, où il y a Sydney et Melbourne), Perth est à coup sûr plutôt isolée. La capitale du Western Australia compte tout de même plus de deux millions d’habitants. Quand on sait que la deuxième plus grosse ville du plus vaste État australien n’en compte même pas cent mille, il y a effectivement de quoi se sentir seul au monde. Mais qu’y a-t-il de mal à ça ? Surtout quand les environs regorgent de paysages à couper le souffle parmi les plus beaux du pays des kangourous

Des kangourous en plein centre urbain

Puisqu’il faut bien commencer quelque part, avant de quitter Perth pour explorer ses environs, attardons-nous quelque peu sur la ville en elle-même. Car si la beauté de l’Australie-Occidentale réside surtout dans ses plages, ses eaux turquoise de l’océan Indien et ses spectaculaires paysages désertiques, ce n’est pas une raison pour négliger la capitale de l’État.

Débarqué à Perth tout droit venu de Belgique, je m’apprête à tenter « l’aventure australienne », comme les nombreux jeunes dotés, comme moi, du Visa Vacances-Travail (qui autorise les moins de trente ans à rester un an dans le pays tout en y travaillant pour financer leur voyage). Je commence donc forcément par une visite du centre urbain, le « CBD » (pour « Central Business District »), comme on l’appelle ici. D’emblée, le calme et les nombreux espaces verts donnent son charme à la ville. Mais à quelques pas des buildings, Heirisson Island est mon premier coup de cœur en Australie. Son nom ne l’indique pas, mais c’est pour beaucoup l’endroit où voir ses premiers kangourous. Quelques marsupiaux plus ou moins apprivoisés, ou en tout cas habitués à la présence des touristes, peuplent l’île qui semble être un morceau de « bush » australien perdu au milieu du centre-ville. À l’autre opposé de Perth, mon deuxième point de chute est l’immense Kings Park et ses jardins botaniques, qui offrent une vue imprenable sur le CBD. Lieu de passage obligé au coucher de soleil. C’est bon, jusqu’ici, Perth tient ses promesses.

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L’île aux « rats »

Quand l’explorateur hollandais Willem de Vlamingh posa ses pieds sur cette petite île de la côte ouest au XVIIe siècle, il y découvrit les quokkas, ces petits marsupiaux vivant uniquement sur le territoire. Il les décrit comme des gros rats (chacun est libre de juger de la comparaison). Une chose entraînant l’autre, il nomma ce petit bout de terre « Rottnest Island », « Rottnest » se traduisant par « nid à rats » en néerlandais. Il était sans doute loin de s’imaginer que quelques siècles plus tard, ces quokkas attireraient des centaines de milliers de visiteurs sur l’île chaque année.

Pour avoir vécu près de quatre mois sur Wadjemup (du nom de l’île en langue aborigène, à mon sens plus approprié, au fond), j’ai eu tout le temps de me familiariser avec les quokkas. Mignons au début, amusants après quelques semaines, ils deviennent peu à peu irritants à force de voler la nourriture et de se servir des paillassons comme litières personnelles (littéralement). Mais laissons de côté l’hypocrisie, tout le monde se laisse charmer par le sourire des petits marsupiaux locaux lors de la première rencontre. À force, on ne s’étonne même plus de contempler les touristes allongés sur le sol pour tenter de prendre le meilleur selfie avec celui qu’on décrit comme l’animal le plus heureux du monde. Le #quokkaselfie cartonne sur Instagram. À bord du ferry qui amène les curieux sur l’île, un film explicatif propose même plusieurs conseils pour réussir le parfait cliché. On en oublierait presque que Rottnest Island, c’est surtout des plages qui figurent parmi les plus belles de toute l’Australie et un paradis sur Terre pour les amoureux de plongée ou de snorkeling. Ils sont forts ces gros rats !

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Une superbe plage aux eaux turquoises sur Rottnest Island, à Perth

Un lac rose et des déserts rouges

Un cinquième de l’Australie est composé de déserts. L’avantage, c’est qu’ils offrent des paysages plutôt impressionnants. Celui des Pinnacles est le plus proche de Perth, un peu plus de deux heures en voiture, ce qui, à l’échelle de l’Australie, équivaut à dix minutes de trajet en Europe. Et puis, sur le chemin, l’arrêt aux dunes de sable blanc de Lancelin vaut tout autant le coup d’œil. Énormément de voyageurs s’imaginent d’immenses pinacles (traduction de « pinnacles », des longs rochers allongés pour faire plus simple), transperçant le sol pour s’élever vers le ciel. Du coup, forcément, quand ils ne voient que des cailloux d’à peine quelques mètres le long de la route, ils en repartent déçus. Je ne sais pas si le désert m’a plu parce qu’il était le premier que j’explorais en Australie ou parce que je n’avais pas d’attentes incroyables. Ou peut-être simplement parce que j’ai pris le temps de m’éloigner du chemin balisé pour m’aventurer quelques dizaines de mètres plus loin. Mais en tout cas, j’en ai gardé une bonne expérience. Pas de celles qui vous marquent à vie, n’exagérons rien, mais quand même…

lancelin dunes désert australie sud-ouest
Pinnacles Desert Sud-Ouest Australie
Pinnacles Desert Sud-Ouest Australie

Pour la suite du périple, il faut avaler davantage de kilomètres avant d’arriver au lac rose de Hutt Lagoon ou au parc national de Kalbarri. Un peu plus de six heures de route à partir de Perth. Mais bon, encore une fois, la distance est dérisoire à l’échelle de l’Australie. Impossible pour une excursion d’une journée, mais pas une mauvaise idée pour quelques jours de périple quand on n’a pas le temps d’explorer toute la côte ouest directement (ce qui était mon cas). Par contre, l’un des côtés négatifs d’un road trip sur l’île-continent se révèle déjà. Admirer la couleur folle du lac rose (même si au final, la couleur s’explique juste par la présence d’une algue particulière dans l’eau salée) ou se promener au fond du canyon de Kalbarri, c’est plutôt impressionnant. Mais rouler pendant des heures au milieu de nulle part, sans le moindre changement dans le décor qui viendrait accrocher l’œil et rendre le trajet un peu plus divertissant, c’est vite lassant. Comptez plutôt sur vos compagnons de voyage pour vous empêcher de vous endormir au volant après des dizaines de kilomètres de route en ligne droite. Est-ce que ça en vaut vraiment la peine du coup ? Pour quelques jours, assurément. Pour des semaines ou des mois, le temps peut commencer à sembler long.

Quant aux décors du sud-ouest du pays, je les laisse de côté pour le moment. J’explorerai tout ça plus tard lors d’un road trip de Perth à Esperance.

Hutt Lagoon Pink Lake, lac rose dans le Sud-Ouest de l'Australie
Hawks Head, dans le parc national de Kalbarri

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