Un étonnant road trip en Tunisie:
itinéraire de 10 jours du nord au sud
À la découverte d’une destination aussi surprenante que magnifique, bien loin des hôtels all inclusive
Dans ma tête, la Tunisie, ça n’avait jamais été un pays de road trips. Ça avait toujours été ce refuge d’hôtels all inclusive où les touristes européens viennent chercher le soleil à bas prix durant une bonne partie de l’année. D’ailleurs, la première fois que je quittais l’Europe du haut de mes dix printemps environ, c’était justement pour passer une semaine en famille dans un all inclusive tunisien. Je n’avais même pas vu un petit bout du pays autre que la piscine et la plage de l’hôtel, la faute, en partie, au fait que mon père et moi étions tous les deux tombés malades (mais pas en même temps, c’eut été trop simple).
Je pense ne pas être le seul à avoir longtemps eu cette image de la Tunisie. D’ailleurs, un des deux potes qui m’accompagnent dans ce voyage a, lui aussi, passé une semaine en famille en all inclusive dans ses jeunes années.
Deux décennies plus tard, convaincu par quelques articles de blog et désireux de me faire une autre idée de cette destination, me voilà de retour dans ce petit pays d’Afrique du Nord. Mais pas pour me la couler douce sous le soleil du Maghreb, cette fois. Non, je pars pour dix jours de road trip de Tunis jusqu’à Tozeur, Douz, Tataouine et d’autres merveilles du sud de la Tunisie.

Jour 1-2 | Tunis et Kairouan
Direction le sud
Avec mes deux potes, on est surtout tenté par le sud de la Tunisie. Alors, dès qu’on atterrit à Tunis, on récupère notre voiture de location de manière expéditive et on file tout de suite sur les routes. Petite mise en garde : il faut un peu de temps pour prendre le rythme du trafic tunisien. Surtout quand on commence par conduire dans la capitale. Loin de moi l’intention d’écrire qu’en Belgique, il n’y a que des bons conducteurs, bien au contraire, mais disons que les codes de conduite sont différents. Il faut savoir s’imposer, s’armer de vigilance et de patience et deviner le marquage au sol parfois inexistant en plein carrefour. Mais plus on s’éloigne de Tunis, plus le trafic se fluidifie et ensuite, c’est pratiquement une ligne droite jusqu’à Kairouan.
On a choisi de s’arrêter à Kairouan d’abord pour ne pas avaler d’une traite les six heures de route qui séparent la capitale des premiers points d’intérêts au sud, ensuite parce qu’on en a lu le plus grand bien. La ville n’est pas très grande. On n’a pas vraiment de regrets de ne pas y être resté plus longtemps, quoiqu’on aurait pu longuement flâner dans les petites ruelles de la médina, profiter de son ambiance paisible et accueillante, ou encore contempler davantage la sublime Mosquée Okba Ibn Nafaa. On passe en tout cas un très bon moment à Kairouan. Mais on n’a que dix jours pour visiter la Tunisie, alors pas le temps de flâner ! Il nous reste quatre longues heures de route à écouler avant de franchir la frontière du Sahara.





Jour 3-4 | Tozeur et ses environs
La Menace Fantôme, les Aventuriers de l’Arche perdue et le Patient anglais
La Tunisie est une terre de tournages hollywoodiens. Ce n’est un secret pour personne ici. Vraiment personne. Tout le monde ou presque semble vouloir tirer profit d’un tourisme cinématographique bien développé dans la région. À chaque point d’intérêt, il y a bien quelqu’un pour nous rappeler qu’ici ou pas loin ont été tournées des scènes de Star Wars, d’Indiana Jones ou… du Patient anglais. Pourtant, la seule beauté des lieux devrait suffire à contenter les touristes, non ? En tout cas, de notre côté, on est plus enchanté par ces paysages incroyables que par le fait que George Lucas et Steven Spielberg y ont un jour posé leur caméra.
On laisse nos sacs à dos à Tozeur, qui nous servira principalement de camp de base pour aller explorer les environs en voiture. Premier point d’intérêt : l’Oasis de Chebika. On avait lu ici et là que la région de Tozeur était magnifique – si on ne pensait pas que ça valait le coup, on ne serait pas venu, me direz vous – mais on ne s’attendait pas à être tout de suite émerveillé à ce point. L’oasis est perchée entre les montagnes rocailleuses. Tout est d’une couleur sableuse qui ne contraste qu’avec le vert des palmiers. On se croirait sur une autre planète. Une planète d’une galaxie lointaine, très lointaine, vous dites ?




Dans les canyons
On poursuit non loin de Chebika vers Tamaghza. On s’arrête d’abord à la Grande Cascade de Tamaghza qui est, en fait, très petite, mais toujours dans ce cadre idyllique. Ensuite on s’attaque aux canyons. Au pluriel, oui, parce qu’il y a celui de Tamaghza, le plus petit – décidément, c’est une constante dans ce village –, et celui de Mides, bien plus grand et plus spectaculaire. Quelques scammeurs tentent de s’imposer à nous comme guides, de nous vendre leurs babioles à prix exorbitants et de nous rappeler que pas loin d’ici, on a tourné des scènes de Star Wars et du Patient anglais. C’est toujours agaçant et ça dessert le tourisme, mais on les évite assez facilement. J’ai été moins bien dérangé par la chose que lors de mon voyage en Inde, par exemple, même si j’y ai trouvé cette même similarité qu’à côté des scammeurs, la majorité des locaux sont d’une gentillesse inouïe.




Au Mides family resto, l’un des seuls restaurants au bord du canyon, l’hospitalité de l’hôte nous reste d’ailleurs longtemps en tête. Le tenancier s’installe à table avec nous, nous explique comment randonner dans le canyon et nous incite à nous méfier de quiconque tenterait de nous faire croire que l’entrée est payante. « Un canyon, ce n’est pas une propriété privée », s’exclame-t-il auprès de nous, visiblement un peu irrité par les pratiques peu honorables de certains de ses compatriotes. On passe un excellent moment avec lui, à discuter de tout et de rien avant de partir explorer ce magnifique canyon. On se promène hors du temps dans les ruines de l’ancien village face à ce décor tout droit sorti d’un autre monde. On admire le soleil se coucher derrière l’Algérie voisine. Ah, et aussi, des scènes de Star Wars, La Menace Fantôme, ont été tournées dans le canyon de Mides. J’ai failli oublier de vous le dire…

Désert des étoiles
Notre deuxième journée complète à Tozeur est plus calme. L’exploration des sites de tournages se poursuit. Ce n’est pas spécialement dans l’idée de revivre des scènes de films qu’on trouve notre bonheur mais, encore une fois, dans le fait de déambuler dans des paysages magnifiques. À Mos Espa, on passe moins de temps à épier ce faux village de Tatooine qu’à admirer la vue depuis les dunes. À Ong Jmal, on s’amuse surtout à grimper le rocher et à contempler la mer de sel qu’il surplombe, sans vraiment se préoccuper qu’il soit apparu dans tel ou tel film. Et pareil à Chott el-Djerid (Lars Homestead), c’est surtout l’aventure d’avoir roulé en hors piste dans le sel, d’être passé à deux doigts d’embourber la voiture de location et de s’être retrouvé couvert de boue au milieu de nulle part qu’on retiendra. Pas tant de savoir que c’est la vraie maison de Luke Skywalker qu’on a en face de nous. De toute façon, elle est complètement inondée…




On passe rapidement par Nefta et sa corbeille, qui ne nous a pas particulièrement marqués, avant de poursuivre notre road trip en direction de Douz, où nous attend une randonnée chamelière de deux jours avec une nuit à camper dans le désert.
Jour 5-6 | Douz
Une nuit dans le Sahara avec les dromadaires
En se retrouvant dans le sud de la Tunisie, littéralement aux portes du Sahara, difficile de ne pas imaginer faire un tour par le plus grand désert du monde. On se met vite à rêver de contempler un peu ses dunes de sable et s’il y a moyen d’y passer une nuit à la belle étoile, c’est encore mieux. On fait donc quelques recherches pour déterminer comment tout cela serait possible. Déjà, tout ce qui est tours en 4×4, on élimine assez rapidement. On n’est pas fan. Restent donc les balades à dos de dromadaire ou, comme la plupart des agences de voyage les nomment, les « randonnées chamelières ». Sauf que la plupart des sites les proposent à des prix assez exorbitants. Sans garantie de la qualité de l’expérience, en plus. C’est alors qu’on tombe sur Sahara Desert Tunisia, une petite agence hyper bien notée sur Douz, la ville d’où partent beaucoup de tours d’une ou plusieurs nuits dans le désert. On contacte l’agence sur Whatsapp, le rapport qualité/prix semble plus correct que la plupart des offres qu’on a vues jusqu’ici – spoiler alert, ce fut bien le cas, l’expérience était incroyable – et on fixe le départ pour une après-midi, une nuit et une matinée dans le désert.
On retrouve Nasir, notre guide, dans le centre de Douz. Il nous escorte jusque chez lui pour nous inviter à prendre le thé et nous préparer à l’excursion. Nasir, c’est un Tunisien originaire du coin qui, après quelques années passées sur le Vieux Continent, est revenu près de chez lui avec sa compagne européenne pour monter sa petite agence de tourisme. Avec son compère Ali, il emmène les touristes découvrir l’éternel Sahara à dos de dromadaires. Dites-bien dromadaires, attention, ceux qui n’ont qu’une seule bosse, car il n’y a pas de chameau en Tunisie. Alors, ça bouge beaucoup, ce n’est pas une balade hyper confortable, il me faut bien le reconnaître, mais quel kiff de se retrouver perdu au milieu de l’immensité du désert avec seul le sable à l’horizon ! Bon, et tout de même la ville au bout de l’horizon. On n’a randonné que pendant environ deux heures, donc on n’est pas allé si loin, vous imaginez bien. Mais quand même, qui aurait cru qu’un tel dépaysement était possible en Tunisie ?



La nuit étoilée et le pain du désert
Pendant qu’on installe le campement – enfin, par « on », disons surtout Nasir et Ali, rendons-leur tout le mérite qui leur revient – et qu’on admire le soleil disparaître derrière les dunes, les dromadaires s’en vont voguer à leurs occupations, c’est-à-dire principalement manger la moindre touche de verdure qui dépasse du sable. Le froid tombe presque aussi vite que la nuit. On se réchauffe au bord du feu en attendant que le couscous cuise. Et après avoir savouré notre repas – dont les dromadaires se régaleront des restes, d’ailleurs –, on part se coucher le ventre heureux et le ciel étoilé comme décor. L’un de nous trois tente la nuit à la belle étoile, mais je dois admettre qu’avec la chaleur qui s’est éclipsée en deux-deux, je préfère l’abri de la tente.


On est levé en même temps que le soleil alors que Nasir et Ali, plus matinaux que nous, s’activent déjà à cuire dans un mélange de sable et de cendres chaudes ce qu’ils appellent le « pain du désert ». Directement dans le sable et les cendres, oui ! Moi non plus, je n’étais pas convaincu que nos tartines n’auraient pas un petit arrière goût croustillant de grains de sable, mais je dois avouer qu’il n’en fut rien. Que du contraire, on se régale avec un excellent pain frais et quelques œufs pour petit déjeuner, avant de repartir randonner sur nos dromadaires vers le retour à la civilisation.




Jour 7-8 | Tataouine
On est dans Star Wars ou quoi ici ?
Notre exploration du sud s’achève à Tatooine. Euh, Tataouine, pardon. Il y a tant d’activités Star Wars ici qu’on s’y perd un peu. En fait, c’est d’ailleurs la saga des étoiles qui s’est inspirée du nom du village tunisien où pas mal de scènes ont été tournées, non l’inverse. D’ailleurs, la région de Tataouine mérite bien mieux que son lien avec la trilogie, prélogie, postlogie et tout le reste.
En chemin depuis Douz, on s’arrête d’abord à Matmata, un village plutôt mignon où il y a notamment un hôtel hyper kitsch qui a accueilli le tournage de Star Wars il y a des années. On paie quelques Dinars pour entrer (moins d’un euro) et le réceptionniste lance instantanément la célèbre musique de John Williams alors que sur les murs sont peints d’horribles portraits de tous les personnages. Ce n’est pas l’activité la plus mémorable du voyage, mais franchement, on rit bien. On passe ensuite par le magnifique village de Toujane, qui surplombe les montagnes, et par la ville de Médenine, où on visite rapidement le souk et le ksar, ancien village berbère.




Notre séjour à Tataouine est finalement très court : deux nuits sur place et une seule vraie journée complète pour faire le tour des environs en voiture. On aurait sans doute pu rester plus longtemps dans certains endroits et profiter davantage de certains lieux absolument époustouflants, mais honnêtement, on n’a pas dû courir non plus. Dans l’ordre, on visite l’ancien village de Guermassa, absolument incroyable tant les ruines perchées à flanc de montagne sont immenses, la Mosquée de 7 dormants à Chenini, l’ancien village de Douiret, similaire à Guermassa et tout aussi impressionnant, le Ksar Ouled Debbab et le Ksar Ouled Soltane, le dernier étant l’ancien village berbère/site de tournage de Star Wars le mieux entretenu et le plus imposant qu’on ait eu la chance de voir.




Jour 9-10 | El Jem et retour à Tunis
Le temps des Romains après celui des étoiles
Il nous reste alors à boucler la boucle de ce road trip là où il a commencé, à Tunis. Désireux de passer la majeure partie des dix jours dont on disposait dans le sud du pays, on choisit de faire la route de Tataouine à Tunis en une seule fois. On ne s’arrête qu’à El Jem, à peu près à mi-chemin, pour y visiter l’amphithéâtre. Après le temps des étoiles, nous voici à celui des Romains. Je n’ai jamais visité le Colisée de Rome, donc je ne m’essaierai pas à comparer les deux, mais celui d’El Jem est en tout cas remarquable. Près de 2000 ans après sa construction du temps de Jules César, Astérix et Obélix (à la louche, hein, je ne suis pas historien), il est toujours bien en place au cœur de la ville, impressionnant de par son architecture.

Notre voyage se termine sur un rythme relativement calme. On flâne principalement dans les rues de Tunis, à se promener dans les petites ruelles de Sidi Bou Said ou à contempler les ruines de l’ancienne Carthage. On mange nos derniers couscous, on boit nos derniers thés à la menthe. On passe aussi une soirée dans le quartier de Gammarth, où on atterrit dans un club dans lequel le DJ (marseillais) du soir fait danser la petite foule au rythme des plus grands classiques de la musique orientale. Et le lendemain, on conclut notre exploration de Tunis dans la médina autour de la Mosquée Zitouna. On n’a malheureusement pas le temps de visiter la Mosquée, mais rien que pour découvrir l’ambiance du centre de la capitale tunisienne, ça valait le coup de venir jusqu’ici avant de rentrer.




Bilan de ces 10 jours
Alors, la Tunisie, pays de road trips ? Et bien, avec un petit étonnement, je répondrai un grand oui à cette question. Avant de partir, on cherchait une destination idéale pour road triper pendant une dizaine de jours sous le soleil au mois de novembre, pas trop loin de la Belgique mais un maximum dépaysante. On a trouvé tout ça ici. Et plus encore. Il semble déjà bien loin le temps où mes souvenirs de la Tunisie se limitaient à la vue depuis la piscine du all inclusive, avec mes yeux d’enfants.
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Parfait on y retournera…
Ça en vaut la peine !