Parenthèse hors du temps et du confinement
au Costa Rica
Un mois au Costa Rica pendant la pandémie :
volcans et forêts tropicales (1/2)
Peu de voix s’élèveraient pour me contredire si j’écrivais ici que, depuis le mois de mars, 2020 s’est érigée comme l’une des pires années du troisième millénaire (si pas la pire). Au minimum, elle le fut en Europe occidentale. Je pense ne pas prendre trop de risque en posant ce postulat de départ. Et si, malgré tout ça, on pouvait encore voyager ? Et s’il existait encore quelques coins sur cette planète toujours semblables à des petits paradis ? Allez, installez-vous, je vous emmène au Costa Rica.
Mon aventure commence dans ce contexte, alors que je suis, comme beaucoup, coincé entre les quatre murs de mon domicile en plein mois de décembre, sans possibilité de chercher une courte échappatoire dans un restaurant/bar/magasin/parc. Quelques clics sur internet m’apprennent, presque par hasard, que plusieurs États d’Amérique latine ont rouvert leurs frontières aux touristes depuis novembre dernier. Il faut écrire que, tandis que la pandémie continue de faire grimper le nombre de décès partout dans le monde, l’arrêt des voyages fait également des ravages, dans certains pays où une personne sur cinq (parfois plus) vit (in)directement du tourisme.
Au Costa Rica, on a donc décidé de faciliter le retour des visiteurs étrangers. Plus de quarantaine ni de test PCR nécessaires pour quitter l’aéroport, simplement une souscription obligatoire à une assurance couvrant les frais médicaux et l’isolement forcé en cas de contraction du Covid-19 sur place. Puis un formulaire à remplir en quelques minutes, le « Pase de Salud ». Je n’ai pas besoin d’hésiter très longtemps pour prendre ma décision. Je pars pour un peu moins d’un mois à la découverte de ce petit État d’Amérique centrale. Deux articles détailleront mon itinéraire. Le premier se focalisera sur la région centrale et le second abordera quant à lui la côte pacifique et sa voisine caraïbe. Le tout variant entre road trip, trajets en bus et autres aventures.
C’est comment le Costa Rica en pleine pandémie mondiale ?
Avant d’entamer pleinement le récit de mon périple au Costa Rica, il me semble essentiel de faire le point sur la situation sur place alors que presque toute l’Europe est en confinement total et que le monde entier peine à s’extirper de cette deuxième vague de coronavirus qui s’éternise encore et encore. Je n’écrirai rien à propos de la manière dont le pays a géré la crise. Je ne détaillerai pas non plus le nombre moyen de cas enregistrés dans le territoire au cours des derniers mois. Je vais simplement me baser sur mon expérience personnelle de la situation en décembre 2020, sachant que différentes mesures sont en vigueur pour un voyage à n’importe quelle autre période.
Bien entendu, il ne faut pas croire que le Costa Rica est une sorte de havre de paix où ni le coronavirus ni les restrictions n’existent. Comme partout ailleurs, des mesures ont été mises en place. La différence, c’est qu’elles n’ont que très peu – pour ne pas écrire pas du tout – contraint mon voyage. Un couvre-feu est mis en place à partir de vingt-deux heures en semaine et vingt-et-une heures le week-end, signifiant la fermeture des magasins, bars et restaurants. Puisqu’ici, la nuit tombe dès dix-sept heures trente, je ne m’en suis finalement jamais vraiment rendu compte. Ensuite, le port du masque est obligatoire dans les lieux publics intérieurs et dans certains lieux publics extérieurs. Il est nécessaire pour entrer dans un magasin ou restaurant. Certains tours guidés l’imposent aussi, mais c’est plutôt rare. De nombreux hôtels et auberges de jeunesse ne s’en préoccupent pas plus que ça, si bien qu’il m’est arrivé de passer des journées complètes sans camoufler mon visage. Impensable en Belgique à moins de rester enfermé chez soi. Il me faut préciser qu’ici, sous trente degrés, la vie se passe avant tout en extérieur et loin des foules des mégapoles, ce qui limite déjà beaucoup les risques de transmissions. Il n’y a finalement qu’à San José, la capitale du pays, que le masque est une habitude autant dans les rues qu’en intérieur. Et ça tombe sous le sens puisqu’un-million-quatre-cent-mille Ticos locaux habitent la ville, pour une population totale d’environ cinq millions. Bien, poursuivons maintenant sur le voyage en lui-même.
Alajuela et San José : les caprices des volcans (5 jours)
Ce qui me motive tout particulièrement à traîner mon sac à dos au Costa Rica, ce sont les volcans et la jungle locale. Des merveilles naturelles que je n’ai pas encore eu l’occasion de contempler lors de mes précédents périples autour du monde. Forcément, je commence donc par là. Et puis, vu que la région volcanique est globalement implantée autour de San José et que c’est dans la capitale que j’atterris, ça tombe bien.
Après quelques jours du côté d’Alajuela histoire de me remettre tranquillement du vol, je me mets en quête du Poás, l’un des sites les plus visités du pays. Un tarif d’entrée fixé à vingt dollars pour seulement vingt minutes autour du cratère, mais la vue semble en valoir la peine (notons que l’entrée est payante dans tous les parcs nationaux du Costa Rica). Je me renseigne auprès de mon auberge de jeunesse, il y a apparemment un bus direct jusqu’au cratère. Raté. Un premier bus m’emmène jusque San Pedro de Poás. Puis, une heure de correspondance plus tard, je pars vers Poasito. Et de là, je dois payer un taxi pour enfin arriver au cratère. En tout, il me faut plus de deux heures pour boucler un trajet Alajuela-Poás qui se fait en moins d’une heure en voiture. Dire que je ne suis qu’au tout début de ma découverte des joies des bus costaricains…
Tout ça n’aurait finalement pu être qu’une anecdote sympa. Après tout, voyager, c’est l’aventure, s’adapter aux transports locaux, vous voyez l’idée. Le problème, c’est qu’il est conseillé d’arriver très tôt à Poás pour avoir une chance d’admirer le cratère, très souvent caché dans la brume une fois le petit matin passé. Bien sûr, après tout ça, lorsque j’entre enfin dans le parc national, je n’ai pas grand-chose à contempler si ce n’est le brouillard s’étendant à perte de vue. Je ne saurai jamais avec certitude si c’est à cause de mon arrivée retardée par tous ces transports ou bien si je suis simplement tombé sur un mauvais jour. En attendant, le voyage commence bien.
Le temps de passer une journée dans la capitale – où mis à part une visite intéressante du théâtre national, je ne retiens rien de très palpitant – et je retente ma chance avec les volcans. Direction Irazú. Cette fois, je prends davantage mes précautions. Hors de question de louper une nouvelle fois la vue pour une question de mauvais timing. J’arrive donc dans les heures supposées idéales pour découvrir ce nouveau cratère. Mais là, c’est la météo qui n’est pas de mon côté. De nouveau, je me contente d’observer la brume tout autour de moi. Les volcans sont décidément très capricieux dans le coin. Heureusement, je me console sur le chemin du retour en admirant les magnifiques paysages de la vallée d’Orosí. Bon, il est temps de s’éloigner de San José, cette région ne me réussit pas.
La Fortuna : rain rain rainforest (1 jour)
Après cinq jours de déplacement en bus, je pars désormais en road trip pour neuf jours avec une voiture de location. Puis je ramènerai mon véhicule à San José et terminerai le périple en bus. Histoire de varier les transports et les aventures. Et surtout parce que louer une voiture pendant un mois, c’est pas donné non plus.
Je récupère un petit 4×4, obligatoire pour emprunter avec confiance la totalité des routes, et file vers La Fortuna. Quel plaisir de pouvoir se rendre où on veut sans se préoccuper des horaires et limitations des transports publics. C’est incontestablement une expérience à faire au Costa Rica. Quel bonheur de conduire entre les montagnes, la jungle et les forêts tropicales.
Justement, penchons-nous un peu sur les forêts tropicales. Tout est dans le nom. Ou plutôt de manière bien plus explicite dans son appellation anglophone : « rainforest ». « Rain » pour pluie, « forest » pour forêt, inutile d’extrapoler : il pleut. Beaucoup. Souvent. Comprenons-nous bien, je ne suis pas contre un petit peu de pluie, voire même des torrents d’eau, si le décor en vaut le coup. Par contre quand pluie rime avec brouillard et qu’il est impossible de voir à plus de deux mètres devant soi, le paysage perd une grande partie de son charme. La randonnée offrant divers points de vue sur le volcan Arenal ne me semble plus avoir beaucoup d’intérêt.
Il y a toutefois une attraction qui mérite d’y consacrer quelques heures, même sous la pluie et avec une vue camouflée : les sources chaudes naturelles. Totalement gratuit en pleine jungle le long de la route, le lieu est assez fou. Se baigner dans l’eau chaude qui s’écoule directement du volcan Arenal dans la rivière, ce n’est pas quelque chose de commun.
Ensuite, je ne m’éternise pas dans le coin et je me dirige vers le Rio Celeste. Même s’il ne se trouve qu’à une heure de route de La Fortuna, le parc national offre une météo plutôt clémente. En tout cas suffisamment pour que la visite en vaille la peine. Et c’est véritablement le cas tant l’eau de la rivière impressionne par son bleu irréel. La cascade locale n’est pas non plus là pour faire de la figuration. Et la mince brume se faufilant par-dessus la cime des arbres vient compléter le tableau, tout droit sorti d’un documentaire exotique d’Ushuaïa TV.
Monteverde et Liberia : toujours pas de cratère, mais enfin un volcan
(2 jours)
Malgré tout ça, je m’avoue quelque peu lassé par le climat du coin. Monteverde, une autre forêt tropicale bien connue dans la région, était initialement prévu pour le lendemain, mais je décide de me le garder pour plus tard. J’y repasserai à la toute fin de mon road trip et y vivrai la même (més)aventure : quelques beaux points de vue sur la route et une randonnée dans la forêt sous la pluie à travers le brouillard. Pas de quoi trop s’enflammer si on n’est pas passionné de botanique.
En attendant, vu que la côte pacifique est quand même à quelques heures de route, une étape s’impose à Liberia histoire de couper en deux le trajet. Quitte à être sur place, et sous les recommandations de l’hôte local, j’en profite pour explorer le volcan Rincón de la Vieja. Pas de vue sur le cratère au programme, ni même de décor de carte postale avec le volcan en arrière-plan, mais une découverte de l’activité volcanique plutôt fascinante. La vapeur s’échappe du sol à certains endroits. L’eau est en ébullition constante à d’autres. Il y a de quoi s’émerveiller dans un site pourtant peu prisé par les touristes. Une bonne manière d’en finir avec les volcans avant de découvrir un autre aspect du Costa Rica tout aussi affectionné par les voyageurs et que j’aborderai dans le prochain article consacré au pays : ses plages.
Un prochain voyage peut-être ?