Le nord de la Thaïlande (plus ou moins) loin du
tourisme de masse
Visiter Chiang Mai, Chiang Rai et Pai sans se retrouver au milieu d’une horde de touristes, c’est possible ?
La stupéfaction avait tendance à s’afficher sur le visage des gens quand je leur répondais que, non, je n’avais jamais mis un pied en Thaïlande malgré tous mes voyages ces cinq dernières années. Parce que dans ma tête, la Thaïlande, ça a toujours été des plages bondées, des hordes de touristes pas toujours super bien intentionnés et des villes qui s’animent davantage à la nuit tombée que quand le soleil fait rougir les Européens en maillot de bain. Je pense ne pas être le seul a avoir toujours eu cette idée que la Thaïlande, c’est fait pour les touristes, pas tant pour les voyageurs. Alors même si beaucoup m’ont vanté cette destination comme une de leurs grandes favorites, j’ai toujours été circonspect. Mais comme je suis curieux, surtout quand il s’agit de voyager, j’ai franchi le pas en allant me frotter à l’un des pays les plus orientés vers le tourisme au monde. Sauf que, histoire de maximiser mes chances d’y vivre une bonne expérience, je suis parti bien loin de Phuket, Pattaya et autres Krabi, et j’ai traîné mon sac à dos du côté de Chiang Mai, Pai et Chiang Rai. Loin du tourisme de masse ? Oui et non…
Chiang Mai : première découverte du nord de la Thaïlande (3 jours)
Notre vol nous dépose, moi et un pote avec qui je fais le voyage, directement à Chiang Mai, qui sera notre première vision du pays. On prend un Bolt – Uber ne fonctionne que très peu dans le pays – jusque notre hostel, on mange un morceau et on file récupérer de notre fatigue après un très long parcours en avion. Au matin, on commence notre aventure en Thaïlande par l’exploration de la ville aux 300 temples, j’ai nommé Chiang Mai. Je note quelques très beaux temples, notamment le petit Wat Lok Moli, le plus grand Wat Chedi Luang et le plus excentré Wat Suan Dok. Sans être des claques visuelles absolues, ils retiennent mon attention.
Le centre-ville de Chiang Mai est finalement très axé guide touristique, avec des innombrables agences de voyages, restaurants et boutiques de souvenirs. Quant aux voyageurs, ils ne sont pas présents en hordes, mais les Thaïs ne semblent tout de même pas majoritaires, pas même dans le staff des restaurants et auberges de jeunesse.
Pour vraiment profiter de Chiang Mai, il vaut mieux s’éloigner de la ville en tant que telle. Une sorte de bus/tuk-tuk rouge nous emmène pour pas trop cher jusque Doi Suthep, temple pas si flamboyant, mais d’où la vue aurait été impressionnante sans le brouillard ambiant imposé par la saison des brûlis dans laquelle nous sommes – c’est-à-dire que les plantations sont brûlées pour la culture et rejettent au passage une épaisse fumée dans l’air. Un peu plus bas, je trouve le Wat Pha Lat et le chemin qui nous ramène jusqu’en ville bien plus intéressants. Ce n’est pas encore la folle aventure, mais avec la végétation plus dense, le dépaysement commence à être un peu présent. La visite de l’immense Grand Pavilion (Hor Kham Luang) restera également une bonne découverte. Le tour jusqu’à la Sticky Waterfall avec un arrêt prévu dans un sanctuaire d’éléphants est aussi très populaire par ici, mais je ne m’y suis pas risqué et, d’après les retours d’autres voyageurs, il n’en vaut pas tant la peine.
Tout ça ne m’enlève pas de l’idée que Chiang Mai, c’est surtout une sorte de grand camp de base pour tous les touristes en attente de leur bus pour Pai, de leur excursion dans un des parcs nationaux voisins ou de leur départ pour un sanctuaire d’éléphants. Et c’est peut-être là le grand atout de Chiang Mai : une grande ville pas si grande et pas si éloignée des codes de confort occidentaux, depuis laquelle les attractions journalières (ou plus longues) sont légion. On n’y manque d’ailleurs pas, en passant deux jours près du parc national de Doi Inthanon avec les éléphants.
Visiter un sanctuaire d’éléphants, comment choisir ? (2 jours avec Po Ngern Elephant Family)
Vous rêvez de voir de plus près des éléphants, mais vous avez peur de participer à leur exploitation pour le tourisme, voire à leur maltraitance ? Je vous comprends, moi aussi. Les éléphants sont parmi les animaux qui me fascinent et que j’affectionne le plus. J’avais déjà eu la chance de m’approcher d’eux il y a plusieurs années au Cambodge, dans un sanctuaire qui rachetait les individus autrefois utilisés pour le tourisme et le transport. Avec pour but d’offrir une vie plus décente et plus libre à ces pachydermes malheureusement devenus dépendants de l’Homme, le Mondulkiri Project permettait de nourrir et laver les éléphants, mais pas de grimper sur eux, et dans le respect de l’animal. Mon objectif est de réitérer cette merveilleuse expérience, mais comment être sûr de ne pas se planter et finir dans un lieu de torture ?
Le sanctuaire le plus connu du coin, c’est le Elephant Nature Park. Sa réputation n’est plus à faire, mais les prix sont exorbitants et les différentes options proposées ne me convainquent pas. Quant à tous ces noms de refuges dont on voit la pub partout ici, comment savoir s’ils agissent vraiment dans le respect de l’animal ? Si vous me lisez et que vous vous posez les mêmes questions, sachez que le site Tripadvisor adopte une politique en ce sens et indique si un sanctuaire est « conforme (ou non) au règlement sur le bien-être animal » et ne permet pas de réserver d’attraction qui ne respecte pas cette politique. Pour ma part, j’ai fait confiance à une amie qui partage mes valeurs et qui, quelques semaines avant moi, avait entrepris la même démarche. Je vérifie toujours de mon côté les différents avis sur Tripadvisor, Google et Facebook et, comme je ne trouve rien qui parle de maltraitance animale, au contraire, je réserve une excursion de deux jours avec Po Ngern Elephant Family.
Le choix fut le bon. En plus de rencontrer les merveilleux éléphants d’un vrai amoureux des animaux, de les nourrir, de les asperger de boue et de se baigner avec eux, on s’amuse encore plus qu’attendu lors d’un court trek dans la jungle locale. On découvre la campagne thaïlandaise en chemin, on plonge au pied d’une cascade et on se balance en liane. Tout ça sous la responsabilité d’un guide qui a le sens du divertissement et nous fait même goûter des fourmis sauvages.
Pai : uniquement un repaire de backpackers ? (3 jours)
Pai, c’est un peu le paradis des backpackers. Les hostels fourmillent, les bars proposent des concerts presque chaque soir et ça sent le cannabis à tous les coins de rue. Une sorte d’immense repaire sorti de terre juste pour les touristes, avec une architecture faussement traditionnelle, mais dont on ne peine pas à distinguer les ficelles. La grande différence entre Pai et Chiang Mai, finalement, outre que Pai est beaucoup plus petite, c’est la moyenne d’âge. Exit les familles, presque tout le monde semble avoir entre 20 et 35 ans. L’ambiance est mi-hippie, mi-festive, et plaît beaucoup aux jeunes voyageurs. Niveau dépaysement, ce n’est par contre pas encore trop ça.
Le grand intérêt de rester à Pai, c’est peut-être de ne pas y rester. Ou plutôt, de juste y passer la nuit, et de profiter du jour pour s’en éloigner en scooter. Car ici, tout le monde fait ça. On peut louer un scooter dans à peu près n’importe quel commerce, pour un prix dérisoire, peu importe qu’on ait le permis ou qu’on ait déjà conduit un deux roues. Pour moi, ce sera le premier essai, alors, je préfère m’imposer une heure de pratique avec un loueur qui m’explique les rudiments de la conduite. Ce n’est rien de très compliqué, mais souffrir des blessures d’une éventuelle chute pendant tout le reste du voyage n’est pas dans mes objectifs.
Tous les atouts de Pai se révèlent lorsque je prends le guidon et m’éloigne du camp de base des backpacks’. Casque sur la tête et chaussures aux pieds – alors que tout le monde est torse nu et en tongs, on me regarde un peu comme un extraterrestre – je pars à l’aventure dans la campagne thaïlandaise. D’abord, je découvre la sympathique cascade de Mo Pang et le magnifique canyon de Pai. Puis, lorsque je suis rodé, je me lance dans un périple de plus de deux heures aller-retour jusqu’à l’impressionnante Nam Lod Cave. Et franchement, je suis souvent presque seul à contempler les paysages vallonnés de Thaïlande et même quelques rizières qui me font un peu penser au Vietnam. La liberté que m’offre le scooter bonifie l’expérience.
Chiang Rai : pas que les temples blanc et bleu (2-3 jours)
La plupart des touristes ne passent à Chiang Rai que le temps d’une journée, pour y visiter son temple blanc et son temple bleu. Ou alors, ils y font simplement escale en chemin vers le Laos. Alors, les temples blanc et bleu sont magnifiques, bien que clairement plus destinés au tourisme qu’à être des lieux de culte, mais Chiang Rai mérite mieux que ça. La ville en tant que telle ne possède pas autant d’attractions que d’autres endroits en Thaïlande, mais elle paraît beaucoup plus authentique que Chiang Mai ou Pai. Ici, on a l’impression qu’il y a vraiment des Thaïs qui vivent. Et pas juste pour travailler dans le secteur du tourisme. Côté lieux d’intérêts, Wat Huay Pla Kang, statue géante, m’a franchement impressionné. Il est possible d’y entrer et d’y grimper jusqu’à avoir une sublime vue sur les environs.
Et Chiang Rai est aussi un bon point de départ pour des excursions dans la jungle. Je passe un des meilleurs moments du séjour lors d’un trek à une vingtaine de minutes de la ville. Notre guide (de Jttt Travel, prononcé « J triple T Travel ») nous fait traverser des rizières et petits villages perchés au milieu de nulle part. Il nous cuisine un étonnant repas à base de riz, légumes et poulet cuits directement dans des bambous coupés sur place et posés sur le feu en guise de casseroles. Et à part notre petit groupe (mon pote, moi et un couple de Chiliens), on ne croise aucun touriste de la journée. On serait sans doute resté plus longtemps à Chiang Rai si on n’avait pas été contraint par le temps et épuisé par la météo (on frôle quand même les 40 degrés, avec une humidité quasi maximale) et les brûlis (qui induisent une faible qualité de l’air et une faible visibilité, même s’ils sont moins présents qu’à Chiang Mai et Pai). On aurait pu visiter le Triangle d’Or ou tenter de randonner à Phu Chi Fa.
Verdict, le nord de la Thaïlande loin du tourisme de masse, c’est possible ? D’une certaine manière, oui. En prenant le temps, en évitant au maximum les tours habituels et en se perdant en scooter dans la campagne, il est possible de s’isoler et de vraiment se sentir dépaysé. Mais même comme ça, Chiang Mai, Pai et Chiang Rai, comme sans doute une grande partie de la Thaïlande, restent des régions très accessibles et très adaptées au tourisme, avec leurs coins à backpackers, leurs coins à jeunes couples et leurs coins à familles. C’est un peu le niveau facile du voyage, celui qu’on conseillerait pour une première aventure solo en sac à dos, par exemple. Est-ce bien mal, finalement ?
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