Itinéraire sur les hauteurs des montagnes et des buildings en Corée du Sud
Itinéraire de deux semaines en Corée du Sud, d’une ville à une montagne, d’un temple à un autre, sur un fond de K-Pop : Busan, Yeosu, Jeonju et Seoraksan (3/3)
Visiter Séoul, capitale emblématique, et l’île de Jeju, une des « sept nouvelles merveilles de la nature », c’est très bien, mais ce n’est pas très original. Maintenant que les deux rendez-vous touristiques majeurs de la Corée du Sud appartiennent à nos souvenirs, aventurons un peu plus dans les terres. Soyons honnêtes, nous ne nous sommes que très peu hasardés hors des sentiers battus. Mais quand même, discutons des coins moins connus dans le pays. Les suggestions d’itinéraire que me proposent les divers blogs et sites internet me ramènent toujours aux mêmes endroits : Busan, Suncheon, Jeonju, le parc national de Seoraksan, etc. J’en oublie certains et j’en délaisse d’autres. Comme nous avons prévu deux semaines de voyage et que la moitié est déjà consacrée à Séoul et Jeju, nous ne nous prenons pas trop la tête. Un parcours de Busan à Sokcho se dessine rapidement, regroupant certaines des principales attractions touristiques du pays.
Busan, la deuxième ville du pays (3 jours)
Nous atterrissons à Busan après notre escale sur Jeju. Ou alors, nous atterrissons à Pusan ? Commençons par régler ce débat. Sur Google Maps, la ville s’appelle tantôt Busan, tantôt Pusan. Sur place, les indications ne sont pas beaucoup plus claires. Alors, lequel est juste ? La double orthographe du nom viendrait des différentes manières de transcrire le hangeul (l’alphabet coréen) en alphabet latin, celles-ci ayant évolué avec le temps. Comme il existe un film appelé « Dernier train pour Busan » (et non pas pour « Pusan »), je vais utiliser cette version. Puisqu’après tout, la bonne orthographe, c’est 부산, écrivons Busan, ce sera plus simple.
Busan, donc, est la deuxième ville la plus peuplée en Corée du Sud, tout de même loin derrière Séoul. La ville portuaire est bien plus petite que sa grande sœur des montagnes, mais elle mérite aussi qu’on lui accorde de l’intérêt. À Busan, nous visitons le temple de Samgwangsa, magnifique même si un événement s’y préparait visiblement, à en croire les échafaudages installés partout. Nous découvrons l’intriguant marché aux poissons de Jagalchi et la BIFF Street qui lui fait face. BIFF, c’est pour « Busan International Film Festival » (donc, ça s’écrit bien « Busan »…). Le nom me fait penser à des festivals du cinéma qui existent par chez moi, comme le BIFFF, pour « Brussels International Fantastic Film Festival », ou le BRIFF, « Brussels International Film Festival ». Mais la rue pourrait tout aussi bien s’appeler « Street Food Street ». En tout cas, ce qui m’a marqué, ce sont ces nombreuses échoppes qui proposent des mets locaux rapides, plus que les plaques gravées sur le sol avec les empreintes de certaines personnalités du septième art.
Nous apprécions la ville depuis les hauteurs au Gamcheon Culture Village. Il s’agit plutôt d’une rue parsemée d’échoppes touristiques et de spots Instagram que d’un village culturel, mais la vue vaut le coup. Nous faisons par contre l’impasse sur le Haedong Yonggungsa Temple, réputé pour être magnifique, peut-être même l’un des plus beaux en Corée, en bord de mer, mais pas vraiment à Busan. On annonce une heure et demie de bus (au pluriel) et autant pour le retour. Le lieu en vaut peut-être la peine, mais le timing ne nous le permet pas vraiment. Avec davantage de temps, nous l’aurions incontestablement inclus dans nos projets.
Depuis Busan, nous consacrons aussi une journée à Gyeongju. La première impression qui me ressort, après avoir lu avis élogieux sur avis élogieux à propos de cette ville-musée, c’est que c’est très petit. Tout le centre historique se parcourt rapidement à pied. Le complexe des tombeaux de Daereungwon est impressionnant. Les tombes en forme de buttes marquent le paysage. Le palais de Donggung en bord d’étang est superbe mais, à l’image de Gyeongju, nous faisons vite le tour et restons quelque peu sur notre faim. Pour vraiment profiter librement, il nous aurait peut-être fallu une voiture car, non loin de la ville, le temple de Bulguksa et la grotte de Seokguram auraient parfaitement fini de remplir une belle journée. Sauf que, en bus, c’est plus compliqué. Il faut aussi écrire que plus le temps passe, plus nous commençons à nous y habituer, aux temples. Alors nous montrons de moins en moins d’entrain à tenter de comprendre quels sont les numéros des bus qui pourraient nous y emmener en un temps pas vraiment record.
Yeosu dans la campagne coréenne (1 jour)
S’il y a bien un endroit où nous nous sommes aventurés quelque peu hors des sentiers battus, c’est dans la région de Suncheon. Et s’il y a bien un endroit où nous avons été émerveillés par les paysages coréens, c’est à Suncheon ; si j’excepte peut-être le parc national de Seoraksan sur lequel je reviendrai en fin d’article. Par facilité surtout, car nous y trouvons une gare de trains, une agence de location de voitures et des logements franchement moins chers que dans les villes voisines, nous nous installons à Yeosu. Honnêtement, nous n’avons pas d’autre intérêt à loger ici précisément, mis à part pour explorer les environs. Nous partons récupérer notre voiture de location à peine arrivés. Impossible de s’aventurer dans la région sans avoir son propre véhicule. À moins, peut-être, d’être amateur de tours guidés. Et encore, je ne suis pas sûr que les options soient légions.
Outre la petite île de Hallyeohaesang, assez jolie mais que nous visitons de manière express, Yeosu est très oubliable. Elle donne l’impression d’être une station balnéaire à l’abandon en ce mois de mars. Peut-être est-elle plus animée durant la saison estivale, difficile d’en être certain. En tout cas, lors de notre passage, les quelques étages de l’immeuble qui nous abrite semblent totalement vides. Même à la réception, il n’y a personne. J’appelle le propriétaire qui me donne le numéro de notre chambre et me dit d’entrer. Les clés sont sur la porte. Si ça, ce n’est pas de la confiance…
Ça n’a pas toujours été le cas en Corée, mais à Suncheon, comme pour tout le reste de notre séjour, la météo est dans notre camp. Nous filons, le temps d’allumer le contact de la voiture tout juste louée, vers le temple de Songgwangsa avant de dire au revoir aux dernières lueurs du jour. Perché dans les montagnes, entre les arbres, Songgwangsa est impressionnant. Le cadre est idyllique. On se croirait en plein film ou en plein jeu vidéo, dans ce sanctuaire reculé où le héros s’est reclus pour s’entraîner avant la bataille finale. Sur le chemin du retour vers Yeosu, voyant le ciel se teindre de rouge, nous nous mettons en quête d’un point de vue sur un lac aperçu en chemin. Sans grand succès. Rien n’a vraiment l’air aménagé. Pas sûr que beaucoup de touristes aient déjà tenté d’observer le soleil couchant par ici avant nous. Alors, nous nous arrêtons dans la ruelle d’un (très) petit village. Nous laissons la voiture le long de la Songgwangsa-gil et admirons, au bord du lac, la journée se terminer.
Des montagnes et du thé, beaucoup de thé, à Suncheon (2 jours)
Puisque le soleil est toujours au rendez-vous le lendemain matin, et puisque le brouillard avait empêché notre ascension du volcan Hallasan sur Jeju, nous nous lançons dans une randonnée au Jirisan, un des plus beaux parcs nationaux du pays et le deuxième sommet le plus haut (derrière le Hallasan, justement). Grimper en haut des 1915 mètres du Jirisan semble trop long, voire trop complexe, alors nous nous orientons vers Nogodan, son voisin de palier à 400 mètres en-dessous. Les quelques heures de marche ne sont finalement pas d’une difficulté insurmontable et, le ciel se couvrant au fil du temps, nous ne regrettons pas d’avoir choisi cette option. Le temps se rafraîchit forcément au sommet, mais le panorama est sublime. Même si sous la brume, les courbes des montagnes environnantes sont un peu floues, la vue est imprenable.
C’est sur une petite déception que la journée se termine. La réserve de Suncheon Bay, peut-être l’endroit le plus connu du coin, est en rénovation et fermée. Impossible non plus d’accéder au Yongsan Observatory, planqué lui aussi derrière les barrières. Nous observons tant bien que mal la plaine marécageuse et les paysages vallonnés au loin, frustrés de ne pas pouvoir franchir les derniers mètres qui nous éloignent de ce magnifique décor. Pour combler le temps que nous avions prévu pour Suncheon Bay, nous nous arrêtons en un lieu que je ne saurais nommer, puisqu’il est indiqué sur la carte par 와온해변 노을정원. Je vous laisserai faire le copier/coller si vous êtes curieux. Un promontoir surélevé offre un parfait cadre photos face à une baie boueuse et quelques bas sommets en arrière-plan. Comme une version bon marché du Yongsan Observatory…
Nous faisons un détour par la Daehan Dawon Green Tea Farm du côté de Boseong avant de définitivement quitter les environs. L’endroit est très touristique. Fini l’isolement de nos balades précédentes. Ici, nous entendons toutes les langues, nous côtoyons toutes les nationalités. À raison, sans doute, car les plantations de thé en escalier ont un côté merveilleux. Il n’y a rien à faire, la culture en terrasses, ça a du charme. Ça me rappelle les rizières de Sa Pa au Vietnam. Tous ces touristes ont bien choisi leur lieu de visite. Par contre, au bar restaurant, le thé (vert) glacé était un mauvais choix. La plantation est juste à côté. Ça devrait garantir la qualité du produit. Nous ne pouvions que nous laisser tenter. Mais la boisson a inversement moins de saveur que les paysages d’où elle provient. Ce n’est pas mauvais, c’est surtout fade. Au moins, c’est rafraîchissant.
Dans une petite auberge entourée de hanoks à Jeonju (2 jours)
L’étape suivante, Jeonju, est un gros centre touristique. Le centre-ville est, globalement, un amas de hanoks traditionnels. Ils sont d’ailleurs nombreux à proposer le gîte sur futon traditionnel. En gros, c’est le lieu pour découvrir la Corée traditionnelle, sans tenter de débattre sur ce qui est vrai, ce qui est bien traditionnel, ce qui est aménagé juste pour les touristes, tout ça, quoi. Nous n’avons pas testé la nuit sur futons dans un hanok, mais la Nearest Guesthouse où nous avons séjourné nous a réservé une ambiance plus mémorable que Jeonju elle-même. Quelques minutes après notre arrivée tardive, nous sommes invités par un Coréen à un karaoké typique. Il insiste beaucoup. « Les Coréens sont très généreux et veulent montrer aux visiteurs le meilleur de leur pays », nous dit-il. Donc on accepte. Avec d’autres voyageurs d’autres continents (et une Coréenne), nous suivons ce Coréen qui se lèvera demain à six heures du matin pour partir travailler. Il nous emmène dans une petite salle de karaoké privée, insiste pour payer la location de la salle et les consommations, chante et danse avec nous. Il nous gratifie même, de sa propre initiative, de sa meilleure interprétation de Gangnam Style. Difficile de suivre les paroles écrites en caractères coréens, mais quelle soirée !
Quant au village hanok de Jeonju, il est très sympa. Nous nous étonnons d’y découvrir une petite cathédrale. Gyeonggijeon est très grand, très beau, mais à l’instar du reste de la ville, il devient presque banal tant nous avons vu des dizaines de constructions similaires en deux semaines. Jeonju est peut-être une destination parfaite pour un court séjour autour de Séoul, sans doute moins lors d’un itinéraire à travers tout le pays. Le Jeolla Gamyoung, en bois beige et aux toitures noires, est celui qui me marque le plus. Parce qu’il apporte une touche de changement bienvenu.
Et au bout de l’effort, la plus belle vue de la Corée, Seoraksan (2 jours)
Nous faisons un nouveau passage à Séoul – que j’ai déjà détaillé lors de mon article consacré à la capitale – avant d’atteindre à Sokcho, dernière étape de notre itinéraire. Si nous avions voulu un final en apothéose pour quitter la Corée du Sud en gardant en mémoire la meilleure image possible de pays, nous n’aurions pas pu nous y prendre autrement. Depuis Sokcho, en moins d’une heure de bus, nous arrivons facilement aux portes du parc national de Seoraksan, merveille de Corée.
Le chemin vers le rocher Ulsanbawi se découvre devant nous. L’ascension est courte, mais très raide. Nous grimpons un peu plus de 1000 mètres en tout juste deux heures, avec une interminable dernière ligne droite d’escaliers. Quelques arrêts le long du sentier nous récompensent déjà avec des panoramiques incroyables. Les montagnes rocheuses se confondent avec les forêts. Et au bout de l’effort, la plus belle vue de la Corée nous accueille. L’improbable rocher Ulsanbawi, comme déposé au sommet de la montagne, coupe la crête en deux, laissant d’un côté et de l’autre les vallées s’étendre à perte de vue. En toile de fond, tous les sommets se succèdent et font comprendre très rapidement pourquoi cette randonnée est la plus populaire du pays.
Il nous faut juste le temps de redescendre et de remplir nos estomacs que déjà, nous voilà partis pour une seconde randonnée. Le temps est bon, le ciel est bleu, nous partons demain, pas question de s’arrêter en si bon chemin. Nous filons vers la cascade Towangseong… que nous croyons apercevoir après quelques dizaines de minutes de marche sur un sentier relativement plat et quelques ponts suspendus. La randonnée serait-elle déjà terminée ? Naïfs sommes-nous. Cette petite chute d’eau n’est en réalité que le pied de la véritable cascade. Sa tête et son corps, eux, il faut encore grimper longuement pour les voir. C’est reparti pour des tonnes d’escaliers ; des centaines de marches sûrement, des milliers peut-être, je n’ai pas pris le temps de compter. Une fois au bout, assez ironiquement, il nous faut pas mal de temps pour remarquer la cascade. Nous peinons à l’apercevoir au loin, presque à sec entre les montagnes. Mais ce qui importe le plus, c’est le décor environnant. Les montagnes semblent avoir été arrachées de quelque chose de plus grand. Les rochers se dispersent aléatoirement ici est là. La végétation tente de se créer un chemin sur les sèches parois. C’est un peu moins beau qu’Ulsanbawi, juste un peu, mais c’est plus calme. Bon allez, il est temps de redescendre.
Nous esquivons le téléphérique et la forteresse Gwongeumseong. En une journée, impossible de tout faire, mais il paraîtrait que la vue d’en haut, aussi belle soit elle, ne vaut pas les deux autres. En tout cas, c’est ce que les touristes bruxellois que nous rencontrons sur le chemin nous affirment. Déjà, la Belgique nous rattrape, juste avant notre redescente, notre retour à Sokcho, puis à Séoul, puis au Plat Pays. Mais avec encore les images du Seoraksan imprimées dans nos souvenirs.